En 2014, un mystérieux déserteur, portant le nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l’oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d’activistes tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Ce film raconte les rebondissements d’enquêtes et de procédures qui conduiront à l'émission de mandats d'arrêts contre les plus hauts responsables de l’administration de Bachar al Assad, pour crimes contre I ’humanité.
Passée un peu au second plan, du fait de la guerre en Ukraine, la situation en Syrie n’en n’est pas moins désastreuse et les informations qui nous remontent de ce pays sont souvent sujettes à caution. Mais en 2014, c’est un photographe militaire Syrien qui, pour des raisons de sécurité, est appelé César, a ramené des milliers de photos de corps de personnes torturées à mort. Une base sur laquelle les familles vont pouvoir commencer un long travail de recherche, de compréhension et de deuil. César c’est aussi un témoin des horreurs pratiquées par le régime de Bachar El Assad. Dont une des explications fait froid dans le dos comme celle de la liste donnée aux Checkpoint de personnes recherchées, mais sans photo, ce qui fait que la première personne se présentant avec le même patronyme est aussitôt arrêtée et transférer dans des centres d’interrogatoires où la torture est de mise et où la mort est souvent l’ultime issue.
Le documentaire du duo Stéphane Malterre et Garance Le Caisne suit les pas des familles et des avocats qui veulent non seulement connaître la vérité mais également obtenir justice pour qu’enfin le travail de deuil puisse commencer. Certaines de ces familles ne savent pas ce que sont devenus les membres disparus, d’autres les identifient sur les photos de César, et demandent à la justice de faire son travail. A travers ce long parcours du combattant, on comprend rapidement l’importance de ce « Dossier César », l’importance de son témoignage, qui lève un voile obscur sur un régime qui ne recule devant rien pour asseoir son autorité, et faire taire toute opposition possible. De notre point de vue Occidentale, tout cela parait linéaire, mais en Syrie, il y a une véritable terreur qui s’est installée et les habitants qui tente de fuir le pays par peur d’être également arrêté et torturé à mort ne peuvent compter que sur l’aide des pays occidentaux. Et c’est là où toute la linéarité s’arrête, car les autorités, les tribunaux Européens, par exemple, veulent éviter de se laisser entrainer dans un combat qu’ils ont peur de mener.
Il reste encore le Tribunal de La Haye, mais là encore, difficile de pouvoir travailler sur des bases solides, tant le régime et ses alliés, à commencer par la Russie, n’hésitent pas à remettre en question toutes les informations qui reviennent aux avocats et aux autres états. Sans Parler de l’Onu dont le fonctionnement est systématiquement freiné par les vétos de la Russie et de la Chine, alliés de la Syrie. La dictature de Bachar El-Assad peut alors continuer d’exister sans le moindre sourcillement, puisque les autres ferment les yeux et laissent ces familles dans l’horreur de leur détresse, et cet espoir vissé au cœur qu’un jour enfin, ils obtiennent justice.
Le documentaire de Stephane Malterre et Garance Le Caisne nous permet de toucher d’un doigt, d’un œil et d’une oreille l’horreur de ce qui se passe en Syrie et de la manière dont ses dirigeants agissent sans aucune contrainte internationale. Nécessaire et sans concession, le documentaire laisse les témoignages se libérer, les discussions transpirer de la détresse et de l’impuissance des avocats à faire entendre les voix des victimes autant que leur mémoire.