Sword of the Stars

L’univers des jeux de stratégie spatiale est un genre curieusement en retrait en cette fin 2006. Heureusement, Kerberos Productions propose Sword of the Stars pour PC, un titre plutôt réussi qui fait appel autant aux compétences stratégiques qu’aux aptitudes de gestionnaire des joueurs. Edité par Lighthouse Interactive et distribué par Nobilis en France, le titre vous propose de partir à la conquête de la galaxie moyennant la maitrise d’une mécanique de jeu assez poussée. Un jeu plutôt réussi dans sa dimension stratégique, même s'il pêche dans sa réalisation graphique trop acidulée.

Dans un futur proche situé une quarantaine d’années après notre époque, l’humanité en plein essor technologique se lance à la conquête de l’espace pour finalement se prendre la plus belle déculottée de son existence, l’univers étant finalement le berceau de trois autres civilisations que la notre. Des races avec qui il faut compter dans votre désir d’expansion et de colonisation de la galaxie.

Les 4 espèces possèdent bien évidemment leurs propres technologies, leur propre démographie et autres paramètres qui induisent des tactiques de jeu différentes. Certaines sont plus lentes à se déplacer, d’autres prolifèrent exponentiellement, d’autres encore bénéficient d’une technologie de portails avancée, etc. De nombreuses spécificités qui mêlent avantages et inconvénients de façon équilibrée mais qui obligent à une réflexion poussée en termes de stratégie.

Stratégie au tour par tour et combats en temps réel

Un tour de jeu de SOTS se joue en deux phases : le déplacement et les combats. La phase de déplacement permet d’étendre sa zone d’influence en gérant ses flottes de colonisation accompagnées de ravitailleurs, de vaisseaux de défense et autres éléments essentiels à la survie des missions. La conquête de nouvelles étoiles n’est pas chose aisée et il faut tout prévoir pour ne pas se trouver au dépourvu, y compris des travaux de recherche. Il est d’ailleurs important de noter que l‘arbre des technologies, qui comporte 150 technologies distinctes, est dynamique. Ceci signifie qu'il n’est pas le même d’une partie à l’autre. Ainsi, il se peut qu’une ou plusieurs technologies apparaissant dans une partie, ne soient pas disponibles dans une autre. Une très bonne chose pour le renouvellement tactique.

Outre la phase de déplacement qui laisse le temps au joueur de bien peser la portée de ses choix, la phase de combat en temps réel intervient dès que l’on croise une entité extra terrestre. Cette phase permet de gérer toutes les interactions avec les autres espèces : diplomatie ou affrontement, combat automatisé ou gestion manuelle des vaisseaux, attitude agressive ou maintien d’une distance de sécurité, etc. Être paré pour ces phases implique une gestion fine de la flotte de combat en y intégrant de nouvelles armes (40 armes de combat différentes réparties en 6 classes), tourelles, plateformes de défenses ou nouvelles classes de vaisseaux fruits de vos recherches et de votre aptitude à les modéliser dans la section appropriée.

Un plaisir 3 étoiles

S'il ne révolutionne pas le genre de part sa réalisation graphique ou sonore, il faut bien reconnaitre que la dimension stratégique de Sword of the Stars est un bon point. Vos choix économiques et technologiques combinés aux caratéristiques démographiques et diplomatiques de chaque espèce assurent un renouveau tactique à chaque partie. C’est peut être là l’essentiel puisque sans faire attention et malgré une interface de jeu discutable, le joueur se retrouve souvent accroché plusieurs heures d’affilées à sa partie, hors du temps, comme absorbé par sa mission, que demande-t-on de plus à un jeu après tout ?

Une 3D légère

Sur fond d’espace en 3D, l’interface représente les étoiles à conquérir, reliées entre elles par des noeuds de navigation. C’est via cette représentation que vous gérez vos flottes pour les acheminer d’un point de l’espace à un autre, une carte qui vous permet en un coup d’oeil de localiser vos vaisseaux, mais aussi vos colonies. On y retrouve ce je ne sais quoi inspiré du jeu Ascendancy qui fit les beaux jours des joueurs en 1995. Mais attention, à contrario du hit du siècle dernier, point de gestion d’installation au sol dans SOTS. Le jeu ne permet que de gérer des flottes de vaisseaux, des combats et des attributions de crédits.

Peu gourmand en puissance, SOTS se contente de machines milieu de gamme pour fonctionner à plein régime. Il faut dire que la représentation graphique en 3D de l’arbre des recherches, des planètes et des flottes de vaisseau reste sommaire, même dans les phases de combat. On reste loin d’une représentation à la Homeworld et peaufiner un peu les textures eut été une bonne initiative. Les couleurs acidulées à outrance des différentes espaces de commandement rappellent presque les consoles de commande des séries StarTrek, le design en moins. Le tout renforce le sentiment que l’aspect graphique du titre n’est pas son point fort, même si un fil de l’info illustré façon BD vous rappelle, en haut de l’écran les derniers événements de votre épopée.

L’interface de jeu est cependant riche : pas moins de 6 pages pour décrire les différents écrans dont le contrôle est nécessaire. Quoique parfois confuse au début, l’interface est entièrement localisée en français ce qui est agréable. Quelques oublis de traduction demeurent, mais rien de grave. Ceci étant, force est de reconnaitre que Sword of the Stars est un titre qui nécessite une grande méditation pour en maîtriser toutes les finesses avec un passage obligé par la notice de plusieurs dizaines de pages.

La localisation en français est totale également pour l’audio. Les messages de confirmation de vos ordres, les alertes concernant les affrontements, les commentaires de vos flottes en plein combat et même la voix off de la vidéo d’introduction du mode scenario ont été doublés en français. Certes, avec plus ou moins de réussite, mais le fait est là : un effort a été fournit pour que les joueurs francophones puissent se consacrer à la stratégie sans avoir à lire des sous-titres. Dommage cependant d'avoir mis à contribution des acteurs quelque peu... amateurs.

Le niveau des doublages est relevé par des effets spéciaux sonores convaincants qui baignent l’interface et les phases de combats. Cet aspect permet de se plonger dans l’univers futuriste de Sword of the Stars,  une musique bontempi ponctuant ça et là les phases de combats et les phases de déplacement de manière correcte, sans être toutefois du niveau des partitions de John Williams.

Notice reading

Sword of the Stars sonne le grand retour du manuel de l’utilisateur. Alors que la plupart des jeux se contentent désormais d’un simple tutorial et passent parfois à côté de l’essentiel dans leurs explications, SOTS propose un véritable guide de l’utilisateur d’une quarantaine de pages, très complet. Sa lecture est essentielle au cours du jeu pour exploiter toutes les finesses du titre, ne serait-ce que pour se retrouver dans l’interface complexe de certains écrans.

De cette notice pense-bête peut naitre la victoire. Une bible à consulter sans modération pour appréhender le titre sereinement et se sortir avec les honneurs des affrontements à plusieurs, que ce soit en réseau ou via internet jusque 8 joueurs. Des modes de jeux qui donnent accès à des scénarios dans lesquels il est nécessaire d’affiner et d’adapter chaque stratégie à l’espèce contrôlée, à l’arbre des technologies généré et à l’hospitalité aléatoire des planètes et étoiles à conquérir.

Un multi pour tous

En multi, Sword of the Stars vous permet d'affronter des amis ou des races controlées par le PC. Un plaisir qui gagne en profondeur et dont l'intrêt est renouvelé à chaque partie, d'autant que la configuration requise pour jouer rend le titre accessible à tous ce qui facilite la recherche de joueurs. Il n’en faut pas moins pour donner à Sword of the Stars une durée de vie des plus confortables, ce qui en fait un investissement fort rentable d’autant que le jeu se satisfait d’une configuration PC modeste.