Arsenic et vieilles dentelles

Deux charmantes vieilles dames aux allures respectables et leurs trois neveux. La vie de la famille Brewster pourrait être sans histoire. Seulement voilà… Il faut savoir que Jonathan Brewster est un dangereux criminel flanqué d’un mystérieux docteur. Il faut savoir aussi que Teddy Brewster se prend pour le président Roosevelt. Quand à Mortimer Brewster, accompagné de sa charmante fiancée, il est heureusement parfaitement équilibré. Mais il va devoir faire appel à tout son sang-froid, quand il découvre que ses « Chères tantes » sont en fait deux empoisonneuses qui se sont donné pour mission de soulager les vieux messieurs des affres d’une vieillesse pénible.

Comédien mythique d’Hollywood, peut-être celui qui incarne le mieux l’esprit du cinéma des années 40, Cary Grant transcende ce film incroyablement drôle et irrévérencieux. Car ici, ce qui est normal devient subitement marginale et se fait montrer du doigt. On aime ces vieilles dames bien sous tout rapports mais qui sont de redoutables empoisonneuses, et qui prennent l’assassinat comme un jeu, mais qui sont outrées par leur neveu, tueur en série redoutable, et qui ne comprennent pas l’état dans lequel se met Mortimer lorsqu’il découvre le vrai visage des « Sérial tatas ». La direction légère et le jeu burlesque de l’acteur sont un véritable plaisir pour le spectateur qui a parfois l’impression d’assister à une scène de théâtre et qui en prend beaucoup de plaisir.

Car en effet, Frank Capra livre ici une comédie légère autant que profonde sur une époque où les gens perdent tout rapports avec la réalité, où le bien est bien trop souvent assimilé au mal pour finir par les confondre; les veilles dames tuent de vieux messieurs en pensant les soulager d’une vieillesse pesante, mais n’hésitent pas à condamner leur neveu pour la même pratique. Cette comédie semble représenter la société de l’époque qui n’hésitait pas à juger n’importe qui pour n’importe quoi, tout en faisant les même choses. Cary Grant semble représenter le personnage qui tente vainement de faire comprendre aux uns comme aux autres l’immoralité de leur chemin.

Et l’acteur s’amuse beaucoup dans ce rôle. Il bondit, grimace, court, crie, claque les portes, les ouvre et ainsi de suite. Dans une véritable succession de scènes burlesques, l’acteur prend plaisir tout en nous en offrant à foison. Faisant ainsi de l’ombre aux autre acteurs   qui l’entourent. Un véritable plaisir pour le spectateur qui (re) découvre là une comédie qui en inspira de nombreuses.