Voyage sous les mers 3D

Critique de Bruno Orru

Voyage sous les mers 3D est un documentaire. Non, ne partez pas, ce n’est pas celui que vous voyez un peu endormi le dimanche après midi. Celui-ci devrait normalement vous attirer (ou du moins les plus jeunes) car il cumule des intérêts techniques, scénaristiques et documentaire…

Comme son nom le souligne, Voyage sous les mers 3D est un voyage proposé en relief (4 paires de lunettes sont proposées avec le DVD / Blu-ray), sur n’importe quel téléviseur via l’habituel procédé de lunettes anaglyphe… la 3D sur un écran 2D, en attendant l’avènement des écrans 3D. Rendez-vous à la critique image pour en savoir plus.

Voyage sous les mers 3D est intéressant de par son contenu. A travers le voyage d’une tortue de mer, on nous propose de plonger dans une odyssée sous-marine et découvrir une population de créatures toutes aussi étonnantes et parfois inédites. Cette idée maline de prendre pour excuse le voyage d’une tortue permet de scénariser la rencontre des nombreuses créatures présentées dans ce film. De fait, petits et grands accompagnent la tortue avec un intérêt qui ne se dément pas au fil des 85 minutes. Il faut dire que la narration proposée sous la voix de Marion Cottillard ( La Môme) participe à notre plaisir de découverte… à condition d’être bon enfant public car le propos est souvent enfantin.

Pour ceux qui sont habitués aux documentaires sous-marins, il n’est pas difficile d’apprécier la prouesse des deux frères Mantello qui transpire à chaque plan et l’on comprendra que ce projet a nécessité 7 ans de tournage via 26 expéditions… totalisant plus de 1500 heures de tournage. Certains plans sont en effet spectaculaires et mettent en scène des créatures rarement montrées.

C’est également l’une des forces de ce long métrage documentaire de sensibiliser le public au danger de la disparition de nombreuses espèces. Les enfants plus particulièrement comprendront, par le scénario proposé, que toutes les races sont liées et que la disparition de l’une d’elle conditionne la survie des autres. En cela, Voyage sous les mers 3D est assurément un voyage d’une belle richesse documentaire.

Voyage sous les mers 3D est proposé via le procédé habituel des lunettes anaglyphe mais utilise un le procédé TriOviz 3D qui permet d’après son concepteur un meilleur rendu visuel, notamment par un meilleur respect des couleurs. A les regarder de près, les lunettes proposées diffèrent peu des modèles déjà rencontrés, à la différence des plastiques colorés… qui ne sont pas de la même couleur que d’habitude. En fait, l’originalité du procédé TriOviz 3D est surtout du coté de la construction de l’image relief qui passe par un savant calcul, image par image.

En fait c’est surtout au démarrage du film qu’il faut faire attention car plusieurs conseils sont proposés pour rendre l’effet 3D plus efficace. Des conseils qu’il faut de toute façon suivre pour toute expérience 3D via des lunettes anaglyphes comme visionner le film dans la pénombre, accentuer la luminosité de l’écran sans toutefois pousser les contrastes et, surtout, de pas abuser des filtres de netteté qui, de toute façon, durcissent inutilement votre image 2D.

La compression du DVD reçu est malheureusement imprécise avec des effets de blocs pixels récurrents qui gâchent une captation HD que l’on ressent exceptionnelle en DVD (nous n’avons malheureusement pas pu voir la version Blu-ray). Les couleurs sur la version 2D sont souvent étonnantes au regard des conditions de tournage dans les fonds sous-marin, sauf dans certaines séquences de pénombre ou la définition s’écrase. La version 2D est d’ailleurs surprenante par un certain effet  3D récurrent qui semble donner encore plus de vie à ces créatures évoluant dans l’eau.

La 3D de son coté, même si le procédé TriOviz 3D semble en effet plus probant que d’autres, ne permet pas de retrouver tout l’éclat et la palette de couleurs de la version 2D. Les effets de profondeur sont inégaux et dépendent de l’éclairage de la séquence. Les premiers plans sont souvent parfaitement mis en avant, alors au détriment du second plan qui est parfois instable (la compression parfois approximative est-elle la cause ?).

Les ambiances sous-marines  sont malheureusement les grandes absentes de ce documentaire. Quelques effets ont été ajoutés de temps en temps mais la plupart du temps c’est un fond musical qui accompagne le voyage de notre tortue.

Un Making of en VF de 24 minutes permet d’apprécier le travail de préparation et de tournage. Quelques informations écrites sur une dizaine d’espèces, avec illustrations fixes, accompagnent le documentaire. Un diaporama photo est également proposé.