Nancy Stokes, enseignante à la retraite, a vécu une vie sage et sans excès. Après la mort de son mari, elle est prise d'un inavouable désir d’aventure. Elle s’offre alors les services d’un jeune escort boy, Leo Grande. Mais cette rencontre improbable pourrait leur apporter bien plus que ce qu’ils recherchaient et bouleverser le cours de leur vie..
Voilà un sujet compliqué avec lequel la réalisatrice va tisser une histoire, simple, sans extravagances, mais surtout avec des dialogues pesés et des situations qui sont amenées avec douceur et intelligence. Car pour aborder le sujet du corps et du sexe après 60 ans autant que des travailleurs du sexe, qui viennent combler un manque dans la vie de ces femmes (Et de ces hommes) qui doivent réapprendre à aimer leurs corps et à s’aimer tout simplement, il fallait une écriture subtile et intelligente qui ne cherche ni à choquer et encore moins à caricaturer.
Et c’est là que la scénaristes Katy Brand (Nanny McPhee et le Big Bang) a su trouver les mots justes et les évolutions simples pour pouvoir plonger le spectateurs dans une relation plus complexe qu’il n’y parait dans laquelle une femme, veuve, et dont la vie fut d’une simplicité désarmante, sans excès ni superflus, se retrouve à vouloir assouvir un désir d’aventure qu’elle juge inavouable. Pour cela elle va faire appel à un travailleur du sexe. Leur rencontre va alors se transformer en redécouverte de soi, l’acceptation d’un corps qui a changé et surtout l’acceptation d’une envie de sexe et pourquoi de sexe dans un schéma totalement inconnu.
Sur le principe d’une unité de lieu, quasiment durant tout le film, la réalisatrice va alors chercher un environnement le plus neutre possible pour que ces deux êtres puissent se découvrir en toute simplicité, en douceur et en doutes permanents. Léo va amener Nancy à s’accepter et à accepter la situation qu’elle a elle-même recherché, à ne pas avoir honte de son désir et de ses envies, et Léo, lui, va apprendre également à faire tomber le masque et a assumer une vie qu’il a choisi et à s’ouvrir sur ses fêlures et chercher à les combler. Avec une mise en scène qui ne cherche pas à racoler, la réalisatrice va imposer, petit à petit, un rythme et utiliser le talent de ses deux interprètes pour interroger les spectateurs, sur ce passage difficile où le corps a tellement changé qu’il apprendre à l’accepter pour pouvoir avancer. C’est également une réflexion intéressante sur ces travailleurs du sexe que l’on a tendance, souvent, à caricaturer, et dont on découvre un rôle essentiel pour des personnes en pleine dérive émotionnelle et charnelle.
Et pour donner corps à ces deux personnages, la réalisatrice à proposé le rôle à l’actrice britannique Emma Thompson (Love Actually) qui s’empare de son personnage avec une force et une émotion telle, qu’il est impossible d’y rester indifférent. L’actrice se lâche complètement et amène son personnage à partager ses doutes avec son co-interprète, mais surtout avec le public qui se retrouve face à l’exposition d’une question existentielle et pourtant tabou. Face à elle Daryl McCormack (Peaky Blinders) dont le charme opère immédiatement, offre une composition subtile où la douceur est le maitre mot autant que la volonté de ne jamais dévoiler totalement son personnage pour lui garder tout son mystère et ne laisser craquer le vernis que lorsque le moment est venu. Les deux acteurs ne suscitent jamais ni l’ennui ni la moquerie et parviennent à nous toucher par un jeu parfaitement maitrisé.
Deux entretiens sont proposés dans cette édition :
D’abord, un premier avec les deux acteurs qui reviennent sur leur travail et particulièrement sur la manière dont ils ont abordé l’histoire et leurs personnages.
Puis un autre avec la réalisatrice qui expose toutes les étapes de construction de ce film.