L’histoire :
Désireuse de faire un break, une jeune femme quitte Séoul pour passer quelques jours sur l’île de son enfance.
Critique subjective :
Premier long-métrage du Coréen Chul-Soo Yang, Bedevilled (rebaptisé Blood island) aura été projeté à la semaine de la critique du Festival de Cannes 2010 (où il fit forte impression) et au Festival international du film fantastique de Gérardmer (où il obtint la récompense suprême) avant de nous parvenir … directement en DVD (!). Les mystères de la distribution …
Le film nous invite à suivre Hae-Won, une trentenaire vivant à Séoul et qui décide d’aller faire une pause de quelques jours sur les lieux de son enfance : la petite île de Moodo. L’occasion de revoir sa meilleure amie, Bok-Nam, qui, elle, n’a jamais quitté les lieux. Sur place, le dépaysement est garanti. Les visages sont tannés par le soleil, les insulaires rustres et la vie un peu miséreuse. Phénomène frappant, ce microcosme isolé (neuf individus) cristallise le machisme exacerbé de la société coréenne. Les femmes du cru, et particulièrement Bok-Nam, en font les frais au quotidien. Les hommes sont violents et dominateurs. Le sentiment d’oppression est palpable. Si le trait est parfois un peu forcé, Blood island s’impose progressivement comme un drame social réussi. On compatit pour Bok-Nam, la pauvre endurant le pire sans mot dire, mais jusqu’à quand ?
Surprise, dans sa dernière ligne droite, Blood island bascule dans le slasher. Bombe à retardement alimentée par des années de mépris et de brimades, Bok-Nam explose et sombre dans la folie meurtrière. Dans un slasher lambda, la « naissance du tueur » est généralement vite expédiée. On lui consacre tout au plus un pré-génerique ou un bref flash-back. Ici, elle aura duré les trois quarts du métrage. Une longue montée en pression jusqu’au passage à l’acte homicide. Impressionnant. Autre élément original : Bedevilled sera un slasher furieusement féministe (cf. la symbolique de certains meurtres), la tueuse, poussée à bout par un machisme révoltant, s’attaquera en effet aux insulaires qui ont perpétué ce système phallocrate. Chul-Soo Yang réussit donc l’incroyable : apporter du sang neuf à un genre archi usé, via une approche doublement inédite. Un sacré tour de force pour un premier long-métrage.
Verdict :
Se concluant sur un plan sublime, Blood island marque la naissance d’un nouveau talent du cinéma coréen.
Des visuels très satisfaisants. On retrouve le format scope original et la photographie ensoleillée est respectée à la lettre. Précis, le rendu nous permet de découvrir le film dans d’excellentes conditions, d’autant plus que l’encodage s’avère des plus discrets.
Quatre pistes sonores au choix avec du 2.0 et du 5.1 en VF et en VO. Correctes, les pistes stéréo sont largement supplantées par un format Dolby Digital 5.1 dynamique, pointu et enveloppant qui se montre particulièrement probant en version originale.