L’histoire :
Partis pour un plan sexe déniché sur le web, trois amis vont tomber dans les griffes d’une bande de fanatiques religieux.
Critique subjective :
Spécialiste de la comédie, Kevin Smith (Clerks, Dogma) s’attaque au genre horrifique avec Red state. Une surprise ? Pas tant que ça pour qui s’intéresse au personnage et à sa filmographie.
Les racines de Red state sont, paradoxalement, à chercher du côté de Top cops (Cop out), un buddy-movie réalisé par Smith l’année précédente. Sur Top cops, premier film dont il n’a pas lui-même écrit le scénario, le barbu du New Jersey se contente d’assurer la mise en scène, sans passion. Relégué au rang de simple faiseur sur une comédie désincarnée, il vit très mal la situation. Douché par cette expérience (au point d’envisager, encore aujourd’hui, d’arrêter la réalisation), l’artiste souhaite alors renouer avec la totale indépendance de ses débuts, celle qu’il avait connu sur Clerks. De cette soif de liberté naîtra Red state.
Œuvre à budget réduit (quatre millions de dollars) tournée en vingt-cinq jours, Red state est écrit, réalisé et monté par Smith. Désireux de garder la maîtrise jusqu’au bout, le réalisateur prendra même en charge la distribution de son œuvre, allant jusqu’à assurer personnellement une petite tournée aux Etats-Unis (diffusé en sa présence, le film fait ensuite l’objet d’un débat). Un retour aux sources salvateur.
Difficile de parler de Red state. Si l’œuvre contient, à première vue, des éléments chers à son auteur (la bande de potes, le sexe, la religion), elle ne ressemble à aucun autre titre de sa filmographie et, plus largement, à aucun autre long-métrage. Dotée d’une construction étrange (un brin chaotique), l’intrigue de Red state ménage plusieurs surprises de taille. Une progression narrative désarçonnante qui, si elle ne plaira pas à tout le monde, s’imposera comme l’une des grandes qualités du film. Afin de ne pas trop en dévoiler, on se bornera à relater que l’intrigue s’articule autour d’un certain Abin Cooper (excellent Michael Parks), pasteur fanatique qui, avec ses ouailles (une petite vingtaine d’illuminés), voue une haine féroce aux homosexuels, considérés comme les pires suppôts du Malin. Signalons que l’histoire possède un terrifiant fond de vérité, le personnage de Cooper étant inspiré d’un véritable pasteur (Fred Phelps) prêchant les mêmes valeurs nauséabondes.
Film furieux et sans concession, Red state est l’œuvre d’un Kevin Smith cinglant qui fulmine contre les dérives sectaires, mais pas uniquement (voir comment la bureaucratie américaine est épinglée). Imprévisible (aucun personnage n’est à l’abri), viscéral et dérangeant, le film, porté par une mise en scène organique, cultive une atmosphère tendue et dispense des moments glaçants où la tension psychologique se conjugue à une violence graphique abrupte. Impossible d’y rester indifférent. Mais n’en disons pas plus pour ne pas gâcher l’expérience. De toute façon, Red state est un titre qui se vit.
Verdict :
Une œuvre puissante et originale.
- Making of (43 minutes) : Un supplément complet qui revient sur les ambitions du film, les choix artistiques de Kevin Smith, la politique de financement et de distribution du métrage, le casting et la réception de l’œuvre. La fameuse allocution de Smith à Sundance est également de la partie.
- Bande annonce (2 minutes).
N.B. : Suite à des problèmes techniques, cette édition DVD contient moins de bonus que prévu. D’autres suppléments sont à disposition sur le site www.redstate-bonus.com.