Beauté de la beauté

Concept

À partir de 1973, Kijû Yoshida réalise « Beauté de la beauté », une entreprise d’une ampleur sans égale dans l’histoire du cinéma sur les formes artistiques, aussi scrupuleusement documentée qu’ouverte à l’imaginaire. Sélectionnés parmi les 94 chapitres qui composent cette oeuvre, les 20 épisodes proposés dans ce coffret triple-DVD sont consacrés aux maîtres de la peinture occidentale. Confrontant les œuvres à leur environnement géographique et intellectuel, le cinéaste fait entendre à nouveau, au creux des paysages, dans les blancs du tableau, la rumeur d’époques révolues.

DVD 1 : DU MOYEN ÂGE À L’ÂGE BAROQUE .
PRÉFACE DE MATHIEU CAPEL .
BOSCH, LE PEINTRE DU FANTASTIQUE .
BRUEGEL : QUAND LE PEINTRE EST TÉMOIN DE LA RUINE DE SON PAYS .
LES CRIMES DU PEINTRE CARAVAGE

DVD 2 : L’EUROPE ROMANTIQUE .
GOYA, LE MAGICIEN DE L’ESPAGNE .
DELACROIX OU LE PARADOXE DU ROMANTISME

DVD 3 : L’IMPRESSIONNISME ET AU-DELÀ  .
LE SCANDALE SACRÉ : LE PEINTRE MANET  .
CÉZANNE, LE REGARD D’UN SOLITAIRE  .
VAN GOGH

Critique

Cette collection est consacrée aux grandes figures de la peinture occidentale vues par le cinéaste Kijû Yoshida (Eros + Massacre). Après 15 films enchaînés en à peu près autant d'années, il prend ses distances avec le grand écran pour se consacrer à la petite lucarne. Durant les années 70, il réalisa pour la télévision 94 épisodes dédiés à la peinture. "Carlotta Films" en édite 20 cumulant tout de même une durée de 500 minutes et avec un focus exclusif sur les peintres et œuvres européens.
Chaque série commence par une présentation du contexte, de l'artiste, du pays... puis nous entrons dans les lieux et les musées pour nous mettre à la place du spectateur. Si, aujourd'hui, plusieurs séries documentaires telles que "Palettes" (critiques disponibles sur DVDcritiques) présentent les œuvres soit d'un point de vue historique, soit d'un point de vue technique, soit d'un point de vue artistiques (forcément plus subjectif), Kijû Yoshida y va de son propre style: Mi-historique (il n'est clairement pas historien de l'art) et mi-artistique avec un avis avant tout personnel.
Chose étonnante avec un coffret intitulé "Beauté de la beauté", Kijû Yoshida s'interdit de qualité une œuvre de beau ou belle. 
La réalisation est calme et posée. Le réalisateur essaie de masquer au maximum les éléments extérieurs au sujet et présente le plus souvent les œuvres et les lieux bruts, sans acteurs ou personnages. Parfois une ombre tout au plus. Ensuite, il présente l’œuvre dans son ensemble se met alors parfois en scène (ce qui permet également de juger des dimensions) puis présente les détails qui marque. La musique est à l'avenant discrète pour ne pas voler la vedette aux images, mais bien présente pour appuyer le discours et met en place une atmosphère.
Le commentaire reste assez monocorde, mais le contenu est riche s'intéressant tout aussi bien à l'homme qu'à l'artiste caché derrière. Il n'hésite pas à y mettre son ressenti personnel d'ailleurs. Aujourd'hui on aime alterner les voix off et jouer avec les sons, ici, ce n'est pas le cas. Le but est bien de partager la vision du réalisateur qui se place comme un simple spectateur averti.

Verdict

Un ton clairement innovant, mais une série spécifique qui intéressera forcément ceux qui ont un attrait particulier vis-à-vis des peintres européens.

Image argentique d'époque (vraisemblablement du 16 mm) légèrement tachetée, avec pas mal d'instabilité et une colorimétrie un peu passée.

Son correct, mais forcément avec les limites de l'époque (enregistrement analogique, monophonique).

Un coffret de qualité avec des menus sonorisés.
Sur le premier DVD, une introduction de 10 minutes par Mathieu Capel est riche d'enseignements.