1848. Entraîneur de pur-sang, l'aristocrate Blaskovich est tué par son ancien ami, l'officier Von Oettingen, venu l'arrêter pour trahison. Devenu orphelin, son fils Erno est chassé du château confisqué par le traître pour sa fille, Klara. Des années plus tard, Erno mène une vie aventureuse entre les champs de courses et les conquêtes féminines. Mais le sentiment de vengeance ne l’a pas quitté. Sa revanche va prendre les traits d’un cheval réputé indomptable : Kincsem.
Le cinéma Hongrois n’est pas forcément le plus connu, mais il lui arrive de nous envoyer par nos contrées lointaines quelques pépites ou tout du moins quelques réussites remarquables, dans tous les cas, suffisamment pour s’exporter au-delà de ses propres frontières. L’histoire de Kincsem est forcément remarquable puisque cette jument destinée à l’abattage, va finalement devenir la jument la plus victorieuse de l’histoire de son pays, au point qu’un parc porte son nom avec au milieu une statue grandeur nature au cœur de Budapest. Mais pourtant sa légende ne peut faire oublier les nombreuses qui parcourent le cinéma américain à l’instar de « Seabiscuit» dont l’histoire fut retracée sur grand écran sous la direction de Gary Ross en 2003. Du coup, compliqué de se passionner totalement pour cette jument tant on imagine fort bien la finalité.
« Kincsem » est un film intéressant, mais dont le scénario ne parvient toutefois pas à totalement masquer son manque d’originalité et surtout, sous couvert d’une histoire de revanche et de guerre des pouvoirs, le scénario manque de peu de nous captiver totalement dans l’histoire de cette jument dont la carrière fut remarquable et dont le nom résonne encore dans les cercles hippiques, comme la référence des juments de courses. Pour donner corps à son récit, le réalisateur se lance dans une histoire épique dans laquelle le propriétaire Erno Blaskovitch s’est vu floué de tout ses biens par un concurrent de son père proche de l’empereur et trouvera sa revanche en faisant gagner Kincsem. Un parti pris intéressant mais qui ne convint pas tant le traitement de cette revanche manque de panache et de flamboyance. Les personnages sont caricaturaux à l’outrance et il est difficile de s’y attacher. Du coup le spectateur trépigne lorsque la jument se lance sur le champ de course.
Car c’est effectivement là que le film gagne de sa superbe, la mise en scène assez classique et parfois maladroite du film prend subitement de la splendeur dés lors que le réalisateur s’intéresse à la jument. La caméra filme au plus prêt et le ton est donné dés que les chevaux s’élancent. La musique quelque peu anachronique vient souligner toute cette tension et cette volonté de la jument de rester devant ses concurrents. Avec ses plans serrés de la jument et l’alternance avec les gradins qui se laissent enivrer par la tension et par la folie qui envahit les spectateurs en voyant leurs favoris gagner ou perdre une course.
La distribution se laisse aller à une composition assez légère sans réellement de profondeur à l’instar de Ervin Nagy (White God), qui ne parvient pas à trouver le souffle romanesque pour donner à son personnage l’attachement que l’on attend de ce type de héros. Jamais totalement convaincant mais jamais totalement hors sujet, la distribution se laisse guider sur un chemin qui n’est jamais totalement sûr de sa destination.
En conclusion, difficile de s’attacher à « Kincsem » tant la mise en scène manque de panache, à l’instar d’un scénario qui manque d’originalité et se laisse porter par des faits certes, mais n’arrive pas à trouver la légèreté et la profondeur que l’on peut attendre d’un tel film. D’autant que les américains ont déjà proposé avec plus de panache des films avec un sujet identique.