À la fin des années 1990, dans l’état d’Orissa, Manav, un journaliste indien, est chargé d'enquêter sur Graham Staines, un missionnaire australien soupçonné d’acheter la conversion des pauvres au christianisme. Manav accepte d’investiguer sur cet homme avec la promesse d'obtenir un poste important en retour. Mais il découvre une série de révélations qui vont ébranler ses préjugés. Il se retrouve face à un choix crucial : favoriser son ambition professionnelle ou faire éclater la vérité. D'après l'histoire vraie de Graham Staines, qui soignait les lépreux en Inde depuis plus de 30 ans. Le 23 janvier 1999, il est brûlé vif avec deux de ses enfants par des fondamentalistes hindous.
Nous le disons assez peu, même si maintenant les choses ont considérablement évolué, mais l’Inde est un pays qui souffre encore de tensions entre plusieurs religions : Hindouiste, Musulmanes et Catholiques, entre autres. La fin des années 90 fut particulièrement marquantes dans cette obsession de certaines factions de vouloir préserver leur religion et leur cultures ancestrales, au point de lutter contre ce qu’elles appelaient : « Les Conversions forcées ». Un sujet idéal pour un réalisateur qui souhaite parler de son pays par un sujet fort, autre que la grande transformation de l’Inde, les effets de la corruption, etc…
C’est aussi l’occasion pour une société de production telle que Sky Pass Entertainment de s’associer avec la très traditionaliste société de production et de distribution Sage et d’inscrire un nouveau fait d’arme sur le terrain de la très catholique propagande en mettant ce missionnaire en position de martyre et ne mettant en lumière ses qualités, jamais ses défauts et surtout en faisant un parallèle redoutablement efficace entre l’histoire du Christ et notamment le regard qu’il posait sur les Lépreux qui, à son époque, étaient bannis des villes et des villages. Ici, l’histoire est similaire, mais le missionnaire, est entouré de sa famille et prodigue ses valeurs à ses enfants qui y perdront la vie en même temps que lui. Un destin dramatique, qui ne pouvait susciter que l’intérêt de ces deux sociétés de productions ultra-conservatrice.
Le scénario, que le réalisateur a signé avec son co-scénariste Andrew Matthews, va d’ailleurs principalement tourner autour de ce journaliste, Manav Barnejee, joué avec beaucoup de retenue par Sharman Joshi (3 Idiots) qui va d’abord cherche à prouver que le missionnaire, sous couvert d’aider les lépreux, cherche, à convertir de force ses patient et va, un peu tard se rendre compte de la manipulation dont il est victime. Et au lieu de cherche à explorer un peu plus les raisons sociales et culturelles qui ont poussé au drame, le scénario va plutôt chercher à mettre en lumière : Le Bien et Le Mal et ne fait que très rarement dans la nuance. Il va même jusqu’à appuyer le trait, en peignant Graham Stains dans une figure christique un peu trop évidente.
D’ailleurs, la mise en scène d’Aneesh Daniel va dans ce sens, de ne rien contextualiser et de faire un parallèle constant entre Jésus et Graham Thaines, comme lorsqu’un jeune est menacé par la foule sur un marché parce qu’il s’avère être lépreux et que Graham arrive de dos, fend la foule, et prend dans ses bras, à la stupeur générale, le jeune homme et l’emmène avec lui. Le parti pris est plus qu’évident et sera la ligne de conduite à toutes les apparitions de Thaines, qui mesure ses paroles, reste toujours d’humeur égale, est gentil avec sa femme et ses enfants et pose ses mains sur ses patients comme s’il les bénissait. D’ailleurs le jeu de Stephen Baldwin (Usual Suspects), grand soutien de Trump et fervent évangéliste, va dans ce sens avec une posture très solennelle et rarement dans une nuance assumée comme lors de la scène de meurtre du missionnaire et de ses deux enfants.