Californie, 1850. Vendue à la prostitution lorsqu'elle était enfant, Angel ne connaît que la trahison. Son cœur pourra-t-il jamais être réparé ? Après des années de violence, de dégoût de soi-même et de mépris, elle rencontre Michael Hosea. Pour la première fois, Angel entrevoit un chemin de rédemption. Mais ses vieux démons ne tardent pas à resurgir…
Saje n’étant pas un distributeur faisant dans la nuance et la subtilité et encore moins dans la demi-mesure, il n’y avait pas grand-chose à attendre de cet « Sauvé par Amour » du réalisateur D.J. Caruso, à la carrière, pourtant à des années lumières des productions du genre, puisqu’il réalisa « Paranoiak » en 2007 avec Shia Lebouf (Des Hommes sans loi) ou encore « XxX : Reactivated » en 2017 avec Vin Diesel (Pitch Black). Des productions très éloignées des bluettes à discours hautement théologique, comme dans cette adaptation du roman de Francine Rivers : « Redeeming Love ». Ce roman qui se présente comme une histoire inspirée du livre d’Osée, dans la Bible, dans lequel l’amour de dieu est rédempteur.
Une fois dit tout cela, l’on se dit que le réalisateur, qui a également signé le scénario avec la romancière, va donc construire une histoire qui sera un peu plus en nuance et sentira beaucoup moins la propagande chrétienne maladroite et balourde. Mais voilà, il n’en n’est rien, car non seulement le discours est d’une platitude assommante, mais en plus de cela, il dépeint sans aucune nuance des personnages, tous aussi caricaturaux les uns que les autres. Il y a la prostituée, qui n’a rien demandé mais fut vendu à un horrible proxénète dès l’âge de 8 ans, brisée, courageuse et avec une soif de liberté inébranlable, y compris sous la torture, figure métaphorique de Marie Madeleine. Et puis il y a le jeune fermier, souriant, rassurant et pieux qui ne veut qu’une chose sortir cette femme de son enfer, il répond comme une sorte de métaphore du Christ rédempteur, et puis bien sûr il y a le méchant, perfides et sanguinaires, et le reste de la population qui profite allègrement des prostitués, mais ne les jugent pas dignes d’être considérées comme des êtres humains. Le problème dans tout cela c’est que les traits sont trop appuyés pour donner toute la force à l’histoire que nous souhaiterions avoir. Nous ne savons pas grand-chose de Michael, le jeune fermier, si ce n’est qu’il arrive pour sauver « Angel » (Nous noterons au passage la subtilité des prénoms choisis !).
Même chose pour « Angel », nous apprenons beaucoup et en même temps pas assez : Comment sa mère s’est retrouvée dans cette histoire avec le père génétique d’Angel ? Comment elles se sont retrouvées dans une maison close ? etc… Tout est dessiné mais pas suffisamment précis pour que l’on soit totalement pris par l’histoire. Du coup chaque rebondissement, devient une souffrance, tant on ne parvient jamais à totalement s’identifier ou à se sentir concerné par l’histoire qui se déroule devant nous. Même le personnage de Paul, le frère de Michael, est dessiné avec une grossièreté repoussante. Il reconnaît « Angel » (De son véritable prénom Sarah) pour avoir voulu s’offrir ses faveurs sans en avoir les moyens, et va porter sur elle un jugement implacable qu’il regrettera par le biais d’un mot, qui rend la scène tellement ridicule qu’elle en devient presque risible.
Et côté mise en scène ce n’est pas mieux, le réalisateur se perd dans des plans d’un classicisme repoussant, avec, parfois, des caméras qui viennent donner une notion de mouvement, mais ne parviennent jamais à trouver la dynamique nécessaire à l’ensemble. C’est beau, bucolique, le héros à souvent le sourire est rassurant dans ses gestes et la lumière, qu’il dégage, apaise les souffrances de l’héroïne, mais rien n’y fait, le film reste suspendu à un scénario insipide et une mise en scène qui manque cruellement d’ambition et se laisse porter par la simple envie de vite emballer la paquet pour passer à autre chose, comme si le réalisateur avait accepté ce film pour payer ses impôts.
« Sauvée par Amour » est un film qui aurait pu prendre un autre chemin que les productions du catalogue SAJE, mais, même si D.J. Caruso, parvient au détour d’une scène à mettre un peu d’interdit dans sa réalisation, il ne peut empêcher de se perdre dans un scénario bien fade et une mise en scène particulièrement classique qui nous fait soupirer au bout d’un certain temps.