Un Américain qui assistait à une conférence au Caire en Egypte se fait kidnapper. Il se retrouve fait prisonnier en Iran pour espionnage. Le gouvernement américain l'oubli, son épouse prend les choses en main et se rend en Iran, déterminée à le faire sortir.
Saje n’étant pas un distributeur faisant dans la nuance et la subtilité et encore moins dans la demi-mesure, il n’y avait pas grand-chose à attendre de cet « Infidel » du réalisateur Cyrus Nowrasteh, déjà à la tête en 2020 de « Le Jeune Messie » avec Sean Bean (Le Seigneur des Anneaux ». Ici, donc le pitch ne laisse entendre aucun signal d’alerte, pourtant, dés les premières images et après un carton annonçant : « Inspiré d’une histoire vraie », tous les voyants se mettent au rouge. Car le film parle d’un prédicateur catholique américain qui part pour Le Caire participer à une conférence sur les Chrétiens et l’Islam et va se retrouver prisonnier de méchants Iraniens et Libanais, désireux de lui faire renoncer à sa foi.
Une fois ces signaux allumés, l’on se dit que le réalisateur, qui a également signé le scénario, va donc construire une histoire qui sera un peu plus en nuance et sentira beaucoup moins la propagande chrétienne maladroite et balourde. Mais voilà, il n’en n’est rien, car non seulement le discours est d’une platitude assommante, mais en plus de cela, il dépeint, sans aucune nuance, des personnages, tous aussi caricaturaux les uns que les autres. Il y a le prêcheur, droit, courageux et inébranlable, y compris sous la torture, figure métaphorique du Martyre des chrétiens. Et puis il y a les méchants musulmans, perfides et sanguinaires, mais suffisamment idiots pour ne pas voir que des choses se manigancent derrière leur dos. Nouvelle figure métaphorique de l’ennemi de la chrétienté, les nouveaux romains de nos temps modernes.
Et côté mise en scène ce n’est pas mieux, le réalisateur se perd dans des plans d’un classicisme repoussant, avec, parfois, des caméras qui viennent donner une notion de mouvement, mais tombent complètement à côté de la plaque ou encore une dynamique aussi légère qu’un parpaing dans une mare. Le réalisateur ne parvient jamais à trouver le bon angle et s’englue dans des considérations qui épuisent sa dynamique et son sens du suspens. Du coup le spectateur a bien du mal à se passionner pour cette histoire que l’on imagine réelle, mais dont le scénario qui ne fait qu’enfoncer le clou d’une propagande malsaine qui ne devrait même plus exister au 21ème siècle. Une propagande qui entretien l’image d’une autre religion de haine et de sang, stigmatisant des populations ou des croyances pour faire vendre des idéaux tout aussi nauséabonds que les dérives qu’ils croient dénoncer.
En ce qui concerne la distribution pas grand-chose à rajouter. Issu d’une famille Catholique Conservatrice, Jim Caviezel, lorsqu’il ne joue pas les agents secrets dans une série « Person of Interest », et depuis qu’il a lui-même interprété un Jésus Christ tout en souffrance sous la direction de Mel Gibson dans « La Passion du Christ » en 2004, semble vouloir faire de cette propagande l’une de ses directions de carrière et livre ici une prestation physique mais pas suffisamment empathique pour être touchante. Être une tête d’affiche ne suffit pas parfois a trouver la bonne tonalité pour offrir au public une prestation à la hauteur de l’attente.
Avec un titre qui est lui-même un signal virant au rouge écarlate de la subtilité : « Infidel », dans le sens de celui qui ne partage pas la même religion, la même croyance et que l’on associe depuis plusieurs années à l’Islam radical, le film de Cyrus Nowrasteh respire beaucoup trop la propagande maladroite pour être réussit. Par une narration balourde, et une mise en scène en manque totale d’inspiration, « Infidel » est une soupe bien indigeste.