Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia

L'histoire :

Barman douteux, Bennie part à la recherche d’une chose qui lui permettrait de récolter une énorme somme d’agent et de changer de vie : la tête d’un certain Alfredo Garcia.

Critique subjective :

Co-écrit et réalisé par Sam Peckinpah, Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia (Bring me the head of Alfredo Garcia, 1974) est l’un des pus grands titres de sa carrière et ce n’est pas peu dire quand il est question de l’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma, auteur de monuments filmiques comme La horde sauvage, Les chiens de paille ou encore La croix de fer.
Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia ... un titre on ne peut plus précis car un dénommé Alfredo Garcia a eu le malheur d’engrosser la fille d’un riche notable mexicain qui, fortement courroucé par l'évènement, offre une récompense d’un million à quiconque rapportera sa tête. Et il ne s’agit pas d’un simple contrat d’exécution car la tête de Garcia doit être effectivement rapportée. Barman au passé flou mais sacrément douteux, Bennie, incarné par un Warren Oates impliqué (acteur de la « famille Peckinpah » au même titre qu’un Kris Kristofferson qui joue ici un petit rôle), voit dans cette récompense mirobolante un moyen inattendu pour s’extirper de son existence miteuse.
Avec une mise en scène en parfaite adéquation avec le propos et un montage au scalpel (avec célèbres ralentis « peckinpesques » à l’appui) Sam Peckinpah alterne plages faussement bucoliques et séquences au climat assez malsain. La touche de Sam the man explose dans une vision extrêmement pessimiste de l’être humain (les hommes sont des bêtes sauvages, des brutes mues par l’appât du gain et les femmes, souvent du genre catins, ne valent guère mieux en fin de compte) et des rapports particulièrement ambigus entre les personnages. Toujours au bord de la folie pure et simple, Peckinpah injecte dans le film nombre de ses obsessions et le métrage atteint son paroxysme lorsque le personnage principal bascule dans la schizophrénie en se mettant à converser avec cette tête pourrissante, singulière poule aux oeufs d’or dont il faut constamment veiller à retarder la putréfaction.

Verdict :

Oeuvre viscérale, Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia est donc un très bon film mais un titre étouffant garant d’un visionnage assez difficile, un paradoxe qui habite d’ailleurs l’entière filmographie de son auteur.

Une image correcte mais dépourvue de l’éclat qu’elle aurait amplement mérité. Les couleurs sont gérées avec un certain bon sens et la définition s’avère de bonne facture. Côté défauts, on relèvera principalement de nombreuses tâches sur la pellicule qui viennent parasiter l’image quasi-constamment et une compression légèrement apparente au niveau de quelques arrières plans, heureusement assez rares.

Là encore, le résultat est un peu mi-figue mi-raisin. Les pistes anglaise et française n’héritent que d’un standard mono peu probant, la déception est donc de taille. Relativement claires, ces deux pistes ont toutefois tendance à manquer assez cruellement d’ampleur et de dynamisme. Comme pour l’image, le film méritait beaucoup mieux mais peut-être est-ce là l’annonce cachée d’une hypothétique édition collector ... wait and see ...

Strictement aucun supplément, un scandale pour un tel film !