L’histoire
Par une nuit d’orage, plusieurs personnes se réfugient dans une vaste bâtisse habitée par un couple de fabricants de poupées.
Critique
1987. Après deux incursions en territoire lovecraftien (Re-animator et From beyond), Stuart Gordon signe Dolls, son quatrième long-métrage.
Dolls exploite un concept cher au cinéma d’épouvante : l’inversion des valeurs, ce « heurt esthétique entre l’apparence physique et l’acte » pour reprendre les mots d’Eric Dufour (Le cinéma d’horreur et ses figures). Il est donc question de jouer sur les apparences en opposant des dehors inoffensifs, bienveillants, à une nature dangereuse, malfaisante. On pense ainsi à l’enfant tueur, au monstre mignon ou, comme en l’espèce, à la poupée maléfique. Un personnage qui hante les écrans de longue date (citons notamment Les poupées du diable, réalisé par Tod Browning en 1936) et possède aujourd’hui de nombreux avatars : le Brave Gars de la franchise Chucky, les marionnettes de la saga Puppet master et de Dead silence, l’effroyable Annabelle apparue dans Conjuring, etc. Dolls s’inscrit donc dans une longue lignée horrifique, caractérisée par un détournement de l’image rassurante de la poupée.
Par bien des aspects, Dolls est une pure série B dans l’âme. Le film est court (74 minutes montre en main), simple (pour ne pas dire basique), artisanal (effets spéciaux à l’ancienne) et ne donne pas l’impression de rouler sur l’or. Un cachet plaisant, tout comme quelques moments franchement réussis (des scènes étranges et macabres faisant intervenir les fameuses poupées) et le côté « ode à l’enfance » du scénario (via le personnage de Ralph, un doux rêveur attendrissant). Cependant, le métrage se traîne aussi de sérieux défauts : une progression narrative laborieuse (le premier acte est interminable), de longs tunnels dialogués (du « remplissage » caractérisé) et des jouets diaboliques n’apparaissant que trop rarement à l’écran (frustrant). Pas fameux.
Pour finir, on relèvera que Dolls préfigure fortement la franchise Puppet master. Ainsi, on y trouve déjà les frères Band (Charles à la production, Richard à la musique), la figure du vieux fabriquant de jouets (interprété par Guy Rolfe, qui incarnera un rôle similaire dans ... quatre Puppet master) et des poupées d’aspect très proche (le bouffon, le cowboy). Influence, quand tu nous tiens.
Verdict
En dépit de quelques éléments intéressants, Dolls demeure une œuvre horrifique peu reluisante. Dommage.
Une qualité d’image correcte. Si le master DVD ne fait pas d’étincelles, il offre néanmoins une restitution visuelle convenable pour un petit film à budget affichant aujourd’hui presque trois décennies au compteur. Définition acceptable, image relativement propre et colorimétrie plutôt bien gérée sont au rendez-vous. Rien à redire côté compression avec un encodage qui se fait discret.
Des pistes 2.0 qui tiennent plutôt bien la route. Pour peu que l’on n’escompte pas un rendu sonore digne du dernier blockbuster pressé en Blu-Ray, le résultat s’avère tout à fait acceptable. La restitution, assez frontale, reste plutôt claire et dynamique. Convenable.