Jerry Garcia Band, Live at Shoreline

A cette date du 1^er septembre, était normalement prévu un concert du Grateful Dead. Malheureusement, le clavier du groupe, Brent Mydland, était décédé quelques jours auparavant. Jerry Garcia décida de ne pas annuler le concert mais convia d’autres collaborateurs pour livrer une prestation du Jerry Garcia Band.

 

Ce n’est donc pas un live du Grateful Dead auquel nous avons le droit, ce qui explique certainement que la quasi-totalité de la set-list soit composé de reprises (Bob Dylan, Marvin Gaye, Beatles, Wailers, Smokey Robinson ou Van Morrison).

 

Mais Jerry Garcia reste Jerry Garcia. On a donc le droit à un concert où les choses prennent leur temps. Un peu à la manière du jazz, les chansons sont décortiquées par les différents musiciens, chacun leur tour (Jerry et son clavier Melvin Seals prenant quand même la part du lion). On part d’une base et on voit où on peut arriver. Ce n’est pas sans inconvénient, car la formule est, par moments, un peu trop répétitive, surtout que les morceaux sont pratiquement tous joués sur le même tempo. Mais heureusement on évite les dérives qu’ont pu connaître, lors de quelques concerts,  les « deadheads » (les fans du groupe qui suivaient leurs héros à chaque concert), pendant lesquels les membres se perdaient complètement et oubliaient où ils en étaient. Remarquez, les fans étant généralement sous influence de quelques substances illicites (sans évoquer le groupe bien évidemment), ce n’était sûrement pas trop grave.

 

Et Jerry Garcia reste Jerry Garcia. On a donc le droit à une véritable leçon de jeu de guitares. Considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs guitaristes de tous les temps (bien que l’idée de classement dans un tel domaine soit plutôt stupide), la prestation livré ce 1^er septembre 1990 est hallucinante. Pas d’esbroufe ou de jeu ultra rapide pour monter sa dextérité, mais simplement une suite de solos où Jerry décortique chaque note, récite ses gammes avec une facilité et une justesse déconcertantes, comme quoi on a pas forcément besoin de ses cinq doigts pour jouer de la guitare (n’est-ce pas Django ?).

 

Soit vous abandonnez l’idée de (re)jouer de la guitare, soit vous quittez votre boulot et votre femme et vous vous enfermez pour travailler et travailler, encore et encore, dans l’espoir d’arriver au dixième de ce que vous avez vu sur ce Dvd (l’auteur de ces lignes n’ayant pas de femme, le choix n’a pas été trop difficile).

 

Un concert sous influences, musicale j’entends, multiples. Des ballades americana teintées de soul en grande majorité, mais avec au gré du concert, des hommages au blues, au reggae, au gospel avec même une petite escapade vers le free jazz. Le groupe se fait plaisir et a dans l’esprit que c’est encore sûrement le meilleur moyen de faire plaisir à l’audience. Ca a au moins le mérite de nous éviter le show hyper calibré où chaque chose est à sa place et qui ne laisse aucune place à la fantaisie et à l’improvisation.

 

Le hic est qu’on a tendance, à certains moments, à se laisser distraire et à sortir du concert (la faute à l’absence de prise de drogues ?). Une formule qui se révèle à la longue légèrement répétitive. La voix de Jerry, qui restera éternellement un sujet de discorde. La faute peut être aussi à des dérives de la réalisation, qui sur certains morceaux, se veut psychédélique, alors que dans son ensemble elle colle bien à l’ambiance qui règne au Shoreline (une réalisation aux plans classiques et un montage qui s’attarde sur les musiciens en action).

 Tout simplement, peut être que le show est un peu trop cool pour un amateur de rock un peu plus musclé. Mais attention, tout amateur de musique, surtout américaine, prendra du plaisir à la vision de ce concert donné par une des figures légendaires du rock, qui nous a quitté en 1995. Ne serait-ce que pour la leçon de guitare, il faut voir, au moins une fois, ce Dvd.

Qualité correcte sans être exceptionnelle. On profite bien des jeux de lumière, même si ceux-ci sont parfois un peu étranges (cette lumière verte qui donne l’impression que Jerry est sur le point de rendre son diner, était-ce indispensable ?). Aucun problème de compression à signaler.

Le concert est proposé en format 5.1 ou en stéréo.

 

Pour le premier, la qualité est bonne sans être exceptionnelle. Le surround et la spatialisation sont bons. Mais un effort aurait pu être fait pour un meilleur rendu. Le public ne s’entend généralement qu’à la fin du morceau. Cela aurait sûrement permis de mieux s’imprégner de l’ambiance et de mieux pénétrer dans la prestation livrée ce jour là. Quant à la dynamique, c’est correct sans plus, probablement la faute à un concert qui se voulait d’abord cool et tranquille.

 

Idem pour la piste stéréo, correcte sans plus.

Autant le dire tout de suite, ce ne sont pas les bonus, en faible quantité, qui vous pousseront à acheter ce Dvd.

 

Deux série d’interviews. La première avec Robert Hunter, collaborateur de Jerry Garcia et membre du Grateful Dead, la seconde avec les musiciens du show (moins le bassiste John Kahn, étant décédé depuis). Aucun intérêt. Ce n’est qu’une suite d’éloges au génie de Jerry, de bavardages qui n’apportent rien.

 

Par contre, il faut signaler que chaque chanson est accompagnée d’un petit explicatif d’1minute30 environ. Très intéressant.