Kirk, un type banal, n’arrive pas à y croire quand la brillante et plantureuse Molly s’éprend de lui. Comme lui, sa bande de potes, sa famille de fous et même son odieuse ex-petite amie n’en reviennent pas.
Chaque année, le potache revient en force avec ses blagues en dessous de la ceinture et cette espèce de morale un peu étrange qui force parfois l’admiration tant on ne peut imaginer une telle assurance et j’en passe et des meilleures. Ici donc pas de quoi aller chercher la moindre trace de finesse d’auteur, ni de poésie dantesque et ainsi de suite, mais plutôt des caricatures permanentes, des personnages odieux et pourtant quelquefois attachants.
A l’image de ce personnage, Kirk, le type banal qui n’a rien pour lui, mais pas forcément contre lui non plus, en tout cas physiquement car sa famille et ses amis sont certainement son plus gros handicap, le film n'est pas rebuttant. Car, ce qui est étrange dans ce film, c’est que le banal est parfois poussé à la limite de la caricature, poussant chacun à se poser la question de sa propre banalité. Et la mise en scène de Jim Field Smith, très académique au demeurant, n’en demeure pas moins suffisamment cadrée pour en rajouter un peu plus dans cette sorte de malaise que peut ressentir le spectateur dans cette humour, qui ne met pas forcément tout le monde dans le même pied d’égalité. Ici, mis à part quelques scènes bien pensées : La soirée séduction qui vire au cauchemar, le rasage pubien ou encore le match de Hockey improvisé, tout semble revu et manque d’originalité. Si l’on rajoute à cela une mise en scène un peu maladroite, on comprend très vite que le spectateur ne sache pas réellement à quel moment il doit rire, ou au contraire être consterné.
Et pourtant la distribution ne ménage pas ses efforts, bien au contraire, à commencer par Jay Baruchel (l’apprenti Sorcier) qui, sans être exceptionnel, confirme ce que l’on pressentait dans le film de Disney : Un potentiel énorme pour la comédie avec un mélange de Ben Stiller (Mary à tout prix) et de Jason Biggs (American Pie), le comédien en fait parfois un peu trop dans la répétition de genre, mais parvient à assumer une comédie grassouillette qui tenterait éventuellement de loucher vers une certaine finesse de narration. Le duo qu’il forme avec la belle Alice Eve (Sex and the city 2) est d’ailleurs assez intéressant, tant les deux personnages ne sont pas collés à l’image du scénario. Car l’actrice qui est censée interpréter une jeune fille merveilleusement superbe et sculpturale est effectivement jolie mais pas aussi stéréotypée que cela, on peut la comparer à l’actrice Reese Witherspoon (Sex intentions).
Bien évidemment dans ce type de comédie, les intéressants sont souvent les seconds rôles, et pour le coup la règle se confirme dans « Trop Belle » avec T.J. Miller (Dragons) et Nate Torrence (La copine de mon meilleur ami) qui offre certainement les moments les plus savoureux du film et rejoignent le panthéon déjà bien rempli des second rôles hilarants du cinéma américain. Les deux comédiens imposent un style résolument marquant. Pour les français, un brin nostalgique, impossible de ne pas trouver une référence saisissante entre T.J. Miller et Joe Dassin, lors d’une scène de concert hilarante, et impossible de ne pas rire de la gestuelle de Nate Torrence lors de la scène de rasage. En cela le film se regarde sans trop de lassitude.
En conclusion, « Trop belle » est une comédie potache comme les studios américains adorent nous inonder, mais a le mérite de ne pas trop nous ennuyer notamment grâce à une distribution légèrement en décalage par rapport à son sujet. Si le scénario est très loin de jouer l’originalité, il a la mérite de nous offrir certaines scènes particulièrement savoureuses.