Il était une fois un trio d’enfants cherchant à craquer le code parental de leur nouvelle console et aussi la parfaite recette de la blueberry pie, une secte de braconniers qui ne cessent de se chicaner, une petite fille qui a des dons elfiques… Un premier long métrage dont le budget est aussi lilliputien que sont géantes sa sophistication formelle et sa liberté épique. Comme si, dans une forêt enchantée du Wyoming, Tom Sawyer, le Club des cinq et les Goonies s’étaient donné rendez-vous pour faire un jeu de plateau autour d’un feu de camp.
Pour son premier film, Weston Razooli, tout fraichement sorti de l’université de San Francisco, a décidé de mélanger les styles de s’amuser avec les codes de la narration et de créer, quasiment de bout en bout une histoire qu’il qualifie de Néo-Conte fée, dans lequel une bande de gamins veulent jouer à la console de jeux qu’ils viennent de voler dans un entrepôt. Seulement leur mère, malade, a mis un mot de passe et leur donne pour mission, s’ils veulent le connaître, d’aller lui acheter une tarte à la myrtille. Commence alors une quête pleine d’embuches, dans laquelle les garnements vont de voir trouver la recette de la fameuse, tarte, croiser un gang de méchants, une sorcière et un prince de la montagne. Cela fait beaucoup de choses, mais les enfants ne manquent pas de ressources et le réalisateur d’imagination.
Et c’est justement ce qui séduit dans « Riddle of fire », cette limite très fine entre le grand n’importe quoi et l’œuvre parfaitement maitrisée qui mélange les genres et s’amuse de sa propre narration. Weston Razooli n’aime pas les chemins balisés, il préfère, au contraire, s’affranchir de ce que nous pourrions attendre de lui et comme un certain Wes Anderson (Budapest Hôtel), il cherche, avant tout à faire une œuvre qui lui ressemble, quitte à ne pas toujours se faire comprendre. Et c’est justement ce qui rend cette œuvre particulièrement séduisante, car, elle s’affranchit de tout et en même temps garde une cohérence redoutable. Les enfants sont dans leur monde, le réalisateur filme à leur hauteur et cela donne une histoire où les adultes sont les obstacles à leur quête et le gang des méchants le point culminant. Comme dans la vie, les loulous gardent leur objectif de pouvoir obtenir le code en réalisant une tarte aux myrtilles à défaut de pouvoir l’acheter et pour cela ils bravent tous les dangers qui se présentent à eux.
Le réalisateur qui s’est amusé a être de tous les postes : Réalisateur, acteur, scénariste, monteur, producteur et même designer des affiches de films dont il a réalisé plusieurs versions, assume des choix parfois compliqué comme la musique dont il craignait qu’elle ne soit pas en adéquation avec ses choix artistique et qu’il a trouvé dans de la musique pour jeux Vidéos : « Dungeon Synth » ou encore chez le compositeur Riz Ortolani « Cannibal Holocaust », Weston Razooli a voulu, avant tout, à ses souvenirs d’enfance, mais également au cinéma d’animation japonais ou encore celui des années 30 aux Etats- Unis avec une certaine simplicité dans la mise en scène et dans le scénario qui donnait aux œuvres une couleur spécifique. Un réalisateur qui fait appel à beaucoup de références et d’inspirations et qui signe une œuvre touchante, amusante et hors du temps qui ne sont pas sans rappeler le cinéma de Myazaki ou encore d’une certaine manière celui de Michael Powell (Le Narcisse Noir) ou Emeric Pressburger (Les Chaussons rouges) avec une étrange sensation de simplicité dans la mise en scène alors que le travail de préparation est méticuleux. Il a d’ailleurs recouru au 16mm saturé qui donne à son film une texture presque de vieux films de chevalier à la grande époque du Technicolor.