L’histoire
Un homme se réveille au fond des bois, frappé d’amnésie totale.
Critique
Quatrième long-métrage de l’indonésien Joko Anwar, Modus anomali nous parvient en vidéo après avoir égayé les festivals (SXSW, PIFF, Gérardmer, ...) et bénéficié d’une sortie cinéma dans l’hexagone.
Sans forcément confiner au chef-d’œuvre que certains y ont vu, Modus anomali réussit néanmoins un petit tour de force dans sa manière de mêler intimement classicisme et originalité. De prime abord, le film apparaît comme une authentique série B : tournage éclair (8 jours), budget limité (200 000 dollars), durée ramassée (83 minutes générique inclus), volonté d’aller à l’essentiel (ce qui n’empêchera pas une mise en scène travaillée). Le métrage s’inscrit dans un genre extrêmement balisé (le slasher / survival forestier) qu’il aborde de façon simple, directe, ludique (on décèle une influence du jeu vidéo).
Cependant, le film va progressivement s’affranchir de son schéma initial et ne pas se borner à être la énième itération d’un refrain connu. En effet, à l’instar de l’israélien Rabies, Modus anomali adopte les codes du genre uniquement pour mieux les dynamiter ensuite. Ce sera chose faite avec un rebondissement bizarroïde et relativement original (même si l’on pense un peu à Memento) qui redéfinira l’ensemble du métrage en lui conférant une tonalité nettement plus sombre, torturée. Dès lors, Modus anomali dévoile son véritable visage : celui d’une œuvre postmoderne, d’un film malin qui ne sombre jamais dans l’écueil du film de petit malin. Un joli numéro d’équilibriste.
Verdict
Intéressant sans être révolutionnaire, Modus anomali s’impose comme une petite réussite qui redonne foi en un cinéma dont l’astuce transcende largement le manque de moyens financiers. Un titre à découvrir.