L’histoire :
Partis pêcher dans une mangrove du Nord de l’Australie, Grace, son mari Adam et sa sœur Lee vont être les proies d’un crocodile affamé.
Critique subjective :
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le film de crocodile fait partie de ces sous-genres qui ne brillent pas par leur qualité. Les réussites en la matière sont, en effet, extrêmement rares (citons le Lake Placid de Steven Miner et peut-être le prochain Rogue de Greg McLean) quand les productions, elles, ne manquent pas (le marché DTV en est souvent inondé). Pays du crocodile, le continent australien est paradoxalement fort peu prolixe en la matière. Premier long-métrage écrit et réalisé par le duo David Nerlich / Andrew Traucki, Black water vient combler ce vide … avec brio.
Doté d’un budget d’un million de dollars et tourné dans des conditions difficiles (environnement très boueux et soumis aux marées), Black water a su tirer parti de ses contraintes logistiques en optant pour le réalisme. Tirée d’un fait divers réel, l’intrigue met en scène trois personnages perchés dans un arbre semi immergé après que leur embarcation ait été renversée par un énorme crocodile. Ironie du sort, leur barque, retournée et bloquée dans les eaux troubles, ne se situe qu’à quelques petits mètres de leur refuge. Fuir par les arbres, tenter de gagner la rive lointaine, attendre d’hypothétiques secours ou regagner l’embarcation. Chaque solution comporte sa part de risque. Le lieu de l’action, une véritable mangrove australienne, apporte un joli cachet et surtout une bonne dose d’authenticité au métrage. Tourné en studio, le film aurait beaucoup moins bien fonctionné. Réalisme encore avec les personnages. Dans Black water, point question de bimbos aux gros seins et de bellâtres bas du front. Les protagonistes, présentés sans fioritures pour mieux s’étoffer dans l’action, sont trois trentenaires qui sonnent juste. Même souci de crédibilité avec l’emploi de vrais crocodiles, filmés séparément en amont puis intégrés numériquement par la suite (effets digitaux très discrets). Difficile de faire mieux, même avec des animatroniques haut de gamme.
Visuellement, le tandem Nerlich / Traucki fait aussi les bons choix. Pas de mise en scène tapageuse, mais une réalisation fluide qui opte pour un maximum de suggestion. Le procédé, emprunté au Steven Spielberg de Jaws, s’avère payant, et ce d’autant plus que le crocodile se montre encore plus furtif que le squale (pas d’aileron pour trahir sa présence). Une vaguelette en signe d’approche (mais pas toujours), l’attaque est donc imprévisible. Peur primale bien titillée, sensation de menace presque palpable, Black water ménage de beaux moments de suspense et évite adroitement les écueils liés à l’unicité de lieu (pas d’ennui, ni de redondance).
Verdict :
Simple, efficace et crédible, Black water est une indéniable réussite.