L’histoire :
En voyage d’études sur une petite île, des jeunes gens vont devenir les proies d’un couple de tueurs déjantés.
Critique subjective :
Petit retour en arrière. 1996. Scream sort sur les écrans, rencontre le succès que l’on connaît, et, surtout, assène un violent coup de couteau dans le dos au cinéma horrifique. Plombé, le genre mettra en effet des années pour se débarrasser d’un second degré référentiel devenu, entre temps, le procédé « obligatoire » pour de nombreuses productions. A l’heure où le premier degré, ainsi qu’une certaine âpreté (héritée des glorieuses seventies), ont enfin repris le dessus, certains ne semblent toujours pas avoir retenu la leçon, à l’image de Matt Flynn qui, avec Fanatique (Hack !), signe un métrage d’horreur hyper référentiel et empreint d’un second degré hautement nuisible.
D’emblée, Fanatique déploie l’artillerie lourde en matière de références. Au menu : évocation d’une tripotée de films (Orange mécanique, Les dents de la mer, Les oiseaux, Hellraiser, Saw, etc., etc.), noms sous influence (un professeur s’appelle Argento, la femme de l’île Mary Shelley), apparitions calculées (un poster de Mondo cane, un bateau nommé Orca, …) et dialogues évocateurs (on cite Spiderman et l’on débat allègrement sur les meilleurs tueurs de l’histoire du cinéma). Au-delà de ces multiples citations, le scénario enquille volontairement les poncifs du genre. Il n’y a qu’à regarder du côté des personnages pour s’en convaincre : poulette blonde aux lèvres en plastique, asiatique gay (qui chante Fame dans un grand moment de stress !), geek bigleuse, minet star du foot, black vaguement gangsta, beau brun un peu timide et latina généreusement poumonée. Aucun archétype ne manque à l’appel. Pendant ce temps, le spectateur prend son mal en patience et s’occupe vaguement l’esprit en identifiant les très nombreuses références (un exercice facile dans la mesure où chaque allusion n’est pas franchement discrète …).
Et l’histoire dans tout ça ? Elle met en scène une brochette de teenagers mous du bulbe qui, dans le cadre d’un voyage scolaire, se rendent sur une petite île. Sur place, ils seront victimes d’un couple de cinéphiles déviants dont le but est de réaliser une sorte de snuff-movie ultime (en super-8). Une intrigue qui accouche d’un slasher / survival des plus basiques, mais toujours avec ce même argument : « C’est fait exprès ».
Visuellement pauvre, Fanatique passe son temps à faire des clins d’œil mais n’a rien à dire, ni à montrer. Les clichés ne seront d’ailleurs détournés que quelques cinq minutes avant le générique de fin (ho, un rebondissement …). Autoproclamé spécialiste du genre, Matt Flynn ne fait donc qu’étaler copieusement sa culture cinématographique (on pense au fameux parallèle avec la confiture …) et, pis encore, finit par prendre le genre de haut.
Verdict :
Si le réalisateur utilise les poncifs avec une certaine affection, impossible de ne pas percevoir, aussi, une sacrée dose de cynisme, un élément qui laisse un arrière-goût forcément désagréable : voir comment le film s’amuse à souligner les points les plus dénigrés par les détracteurs du genre … et leur sert ainsi la soupe.