Passionné de voile, Jean-Paul traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta la course virtuelle du Vendée Globe. Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage pas comme les autres, lui permettra de renouer avec sa famille mais surtout avec lui-même.
Encore un film venu du Covid, pourrait-on dire ! Mais ce serai beaucoup trop réducteur, tant « La Vallée des Rois », nouveau film de Xavier Beauvois, s’inscrit dans quelque chose de beaucoup plus profond, avec plus de matière et de subtilité que cela le laisse paraître. Dans ce long métrage qui suit le défi, un peu fou, d’un restaurateur, qui se trouve dans une mauvaise passe, de faire la célèbre course autour du monde en solitaire : Le Vendée Globe, mais depuis son bateau dans le jardin, via le jeu vidéo de course virtuelle : Virtual Regatta. L’homme va donc faire la course dans les mêmes conditions que les skipper et tenter de redonner un sens à sa vie. Le rapport avec le Covid ? Le réalisateur qui joue lui-même a Virtual Regatta, a eu l’idée de son scénario alors qu’il était confiné et qu’il jouait au marin solitaire, en faisant un parallèle avec cet enfermement inédit de la population.
Pour le reste ? Xavier Beauvois, aime sonder la psychologie de ses personnages, il aime plus que tout chercher au plus profond de ses personnages ce qui les torture et ce qui les anime. Ici, le défi de Jean-Paul, ce n’est pas seulement celui d’un gentil illuminé qui espère gagner la course pour obtenir le prix qui lui permettra d’éponger ses dettes, non c’est l’odyssée d’un homme rongé par ses démons, qui doit les affronter pour mieux renaitre et prendre conscience de ce qui l’entoure. C’est une aventure humaine, comme Beauvois sait nous les raconter, sans grands effets de manches, ni fioritures d’usage, c’est juste l’histoire d’un homme ordinaire qui perd pied et se bat pour s’en sortir. Que ce soit consciemment ou non, il se lance dans la bataille pour se sauver lui, afin, ensuite, peut-être, de sauver les autres.
Alors le film n’est pas parfait, il manque parfois de rythme et certaines transitions sont coupées à la serpette, mais l’histoire est suffisamment touchante et la peinture des personnages offre une photographie instantanée de ce qu’est la difficulté de se reconstruire lorsque la vie ne nous a pas épargné. « La Vallée des Fous », du nom donné à Port-La-Forêt, lieu de pèlerinage absolu, mais surtout d’entrainement pour tous les navigateurs, c’est avant tout, une œuvre humaniste, qui aurait peut-être gagné avec plus de matière ou plus d’idées, mais qui parvient à nous toucher, par la prestation remarquable de Jean-Paul Rouves, qui prouve, si besoin en était, qu’il n’y a pas que « Les Tuches » dans sa vie et que l’homme est capable d’aller beaucoup plus loin dans le jeu et dans la nuance, comme la scène du réveillon où en un regard, il change de personnalité, c’est presque imperceptible, mais c’est beau.