Au fin fond de la campagne anglaise, une base militaire héberge et retient prisonniers un groupe d’enfants peu ordinaires qui, malgré le fait d’avoir été infectés par un agent pathogène « zombie » qui a décimé la planète, demeurent capables de penser et de ressentir des émotions. Lorsque la base est attaquée, Melanie, qui semble être la plus surdouée d’entre eux, réussit à s’échapper en compagnie de son professeur, de deux soldats et d’une biologiste qui ne voit en elle qu’un cobaye indispensable à la découverte d’un vaccin. Dans une Angleterre dévastée, Melanie doit découvrir qui elle est vraiment et décider ainsi de son propre sort comme celui de l’humanité tout entière.
Avec « The Last girl – celle qui a tous les dons » le réalisateur Colm McCarthy, semble s’être inspiré, d’une certaine manière, du film « 28 jours plus tard » de Danny Boyle. En effet on y retrouve, dans la mise en scène, tout ce qui faisait la surprise du film du réalisateur de « Trainspotting », comme par exemple un Londres désertique, laissé à la merci d’une horde de zombies plus ou moins affamés et des survivants qui traversent la ville à la recherche d’une rédemption ou en tout cas d’un remède qui puisse les sauver. Et si l’on peut effectivement reconnaître des styles différents et inspirés de plusieurs réalisateurs pourrait également penser à Ridley Scott, le film de McCarthy trouve sa propre direction, il parvient à trouver sa propre texture, et nous plonge dans une aventure originale dans laquelle la population est infectée par un virus, mais où certains enfants qui ont déjà contracté le germe pathogène, s’avèrent toutefois résister de manière surprenante à la transformation inévitable à laquelle ils sont voués.
Et le scénariste Mike Carey, qui est également l’auteur du roman éponyme se lance dans une réflexion qui n’est pas sans rappeler les grandes interrogations des défenseurs des animaux, sur le besoin de la science de tester sur des êtres vivants les remèdes qu’elle crée au risque de leur infliger des tortures insoutenables. Et forcément le discours est encore plus fort lorsqu’il s’agit d’enfants que l’on destine à sauver l’humanité, et qui nous amène également sur le débat des enfants conçus pour en sauver d’autres dans notre société. Mais loin d’aller y apporter des leçons ou des réponses, le scénariste et le réalisateur ont, au contraire, décidé de laisser le spectateur jugé de la finalité en opposant deux personnages principaux : Une enseignante qui se prend d’affection pour ces enfants, et une scientifique qui ne voit en eux que les cobayes indispensables à la découverte d’un vaccin qui pourrait sauver l’humanité. Et face à ce duel qui opposera les deux femmes, il y a le sujet de leur contrariété, à savoir : Melanie, une petite fille qui cherche simplement à être acceptée comme telle, quitte à se sacrifier pour pouvoir s’autoriser un peu d’amour.
Pour donner corps à son film, le réalisateur s’est alloué les services de Gemma Arterton (Gemma Bovery) et la grande et trop rare Glenn Close (liaison fatale). Les deux actrices forment un duo détonant, qui vient parfaitement servir une intrigue austère et haletante, qui va nous emmener dans cette complexe dualité, dans laquelle les sentiments et la raison humanitaire vienne s’opposer finalement pour une même cause. Avec un talent évident les deux actrices offrent des compositions particulièrement pointues. La première jouant à merveille le paradoxe de la sensibilité face à l’horreur de la situation, et la seconde que l’on a tellement connue et aimé dans des rôles de femmes odieuses, vient ici nuancer son propos pour être à la fois détestable et à la fois humaine.
Conclusion « the Last Girl – Celle qui a tous les dons » est un film de zombie surprenant, qui n’est pas sans rappeler le « 28 jours plus tard » de Danny Boyle, mais qui a toutefois l’intelligence de s’approprier différentes inspirations qui lui donnent ainsi une texture particulière que la composition impeccable des deux actrices principales vient conforter.