Jeanne, 8 ans, est une petite fille au caractère bien trempé. Sa mère, en revanche, traverse une dépression et doit envoyer sa fille passer les vacances de Noël chez sa Mémé Oignon... Mais Jeanne n’a pas compris ce qui arrive à sa mère et part en traînant les pieds : à la campagne, il n’y a rien à faire, et la maison de Mémé pue l’oignon ! Pourtant, contre toute attente, les vacances s’avèrent être une véritable aventure.
Pour son premier long métrage après sa sortie d’école, le réalisateur Hugo de Faucompret a décidé de nous parler d’un sujet tabou dans l’univers de l’animation à destination des enfants. Ici en « Background », si la jeune Jeanne va chez sa grand-mère y découvrir un univers qu’elle ne connait pas vraiment, c’est parce que sa mère souffre de dépression et part en Maison de Repos pour se faire aider et reprendre le dessus. Jamais dans le pesant ou dans le patho, le scénario décrit une situation qui lorgne de façon régulière avec le conte, notamment à travers le personnage de Cloclo.
Il sort une poésie incroyable de ce dessin animé dont les techniques d’animation sont variées et les décors saisissant de beautés, même lorsqu’ils sont sombres. Cloclo emmène la petite Jeanne voir un concert dans la forêt et c’est toute la nature qui se met à chanter un air envoutant de tendresse, avec des percussions, des instruments à vent et même de l’accordéon, ce que je ne pensais pas pouvoir dire de cet instrument tant il me rebute, mais il s’avère qu’ici, il s’intègre dans une symphonie de son qui viennent donner vie à la nature. Cloclo, en personnage marginal n’est pas non plus sans apporter une sorte de mysticisme qui vient faire le contre-point et alléger le propos du manque des parents et de la dépression qui reste le fil rouge de ce film.
Un scénario intelligent, une animation minutieuse et inventive qui semble tout droit sortie de toiles de maitres et nous voilà face à un film d’animation en apparence simple, mais qui se révèle beaucoup plus complexe et beaucoup plus intelligent qu’il n’y parait. Subtilement abordé pour ne pas être repoussant ou tout simplement pesant pour les plus jeunes, le sujet de la dépression est abordé avec beaucoup de tendresse, et d’empathie pour ne pas effrayer. L’animation à l’Européenne peut parfois faire peur, parce qu’elle se comporte trop souvent comme un style très « Auteuriste », mais dans « Maman pleut des cordes » il n’en n’est rien, bien au contraire. Y compris dans les dialogues, qui savent toucher juste, pour que chacun ait l’impression de l’avoir entendu chez lui. Comme lorsque la mémé appelle Jeanne pour qu’elle parle à sa mère au téléphone, en chuchotant presque.
En complément de ce film d’animation, l’édition propose trois courts métrages en avant programme, qui s’inscrivent totalement dans la même veine, avec des animations inventives et soignées et des histoire passionnantes et surprenantes de maturité pour un jeune public.
- Le Monde de Dalia de Javier Navarro Aviles (2020, 3') : Dalia découvre avec émerveillement la serre tropicale mais perd rapidement son père de vue. Un monde fantastique se déploie alors devant elle.
- Tout sur maman de Dina Velikovskaya (2015, 7') : L’histoire d’une mère qui a déjà tant donné à ses enfants qu’il semble ne lui rester plus rien. Mais la vie lui offre soudain de nouvelles opportunités.
- Le Réveillon des Babouchkas de Natalia Mirzoyan (2019, 8') : Maschunya reste à contre-cœur chez sa grand-mère pour fêter le réveillon. La soirée prend vite une autre tournure quand arrivent les invitées…