Atanarjuat la légende de l'homme rapide

Titre Original
Atanarjuat the fast runner
Genre
Pays
Canada (2002)
Date de sortie
mardi 22 octobre 2002
Durée
168 Min
Réalisateur
Producteurs
Paul apak angilirk, norman cohn, zacharias kunuk
Scénaristes
Paul apak angilirq
Compositeur
Chris crilly
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires
- gagnant du prix de la caméra d'or du festival de cannes 2001
- gagnant du prix des premières réalisations du guardian du festival international du film d'edimbourg
- gagnant du prix du meilleur long métrage canadien toronto-city au festival international du film de toronto 2001
- gagnant du prix du meilleur film du festival international de flandres-ghent 2001
- gagnant du prix spécial du jury et du prix du public au festival international du nouveau cinéma et des nouveaux médias de montréal 2001
- ctv best of fest award au digital motion picture festival 2001
- meilleur film au 2001 imagine native festival international d'arts médiatiques
- sélection officielle canadienne oscar du meilleur film en langue étrangère
- 6 prix genies : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleur montage, meilleure musique originale, prix claude jutra
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Inuktitut
Non
Non
Non
Français
Oui
Non
Non
Le Film
Critique de Christophe Bonnet
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
168 min
Nb Dvd
2


Le mal, qui a pris la forme d'un chaman inconnu qui arrive dans la région d'Igloolik et divise une petite communauté d'Inuits nomades en bouleversant son équilibre et son âme.
Vingt années passent. Deux frères s'imposent pour défier le règne du mal : Amaqjuaq (Pakak Innuksuk), l'homme fort, et Atanarjuat (Natar UNGALAAQ), l'homme rapide. Atanarjuat gagne la main de la ravissante Atuat (Sylvia IVALU) au détriment d'Oki (Peter-Henry ARNATSIAQ), le fils vantard du chef du campement, qui jure de se venger. Oki tend une embuscade aux deux frères dans leur sommeil et tue Amaqjuaq, tandis qu'Atanarjuat s'échappe miraculeusement en courant nu vers l'horizon qui surplombe la mer de glace. De retour dans sa communauté, Atanarjuat tentera de vaincre le mal qui y sème le trouble.
Cette histoire est une ancienne légende orale entretenue et perpétuée par les anciens pour qui les désirs personnels ne doivent pas passer avant les besoins du groupe. Comme il n'existe aucun écrit de cette légende, le scénariste, Paul APAK ANGILIRQ, a effectué un travail de recensement des différentes versions auprès de huit vieux Inuits qui, soit dit en passant, ont brisé un tabou, celui du chamanisme, instauré par les chrétiens. Cinq auteurs ont ensuite rédigé un seul scénario en Inuktitut et composé une version anglaise. Les anciens ont participé à la totalité du processus d’écriture, apportant des précisions qui ne sont pas immédiatement perceptibles dans notre contexte moderne. Enfin,  Zacharias Kunuk s'est entouré d'une équipe d'acteurs entièrement composée d’Inuits, la plupart débutants. De la même façon, l'équipe de production était locale à 90 %, mêlant toujours des professionnels à des novices. La présentation de ce film comme étant le premier film Inuit n'est donc pas exagérée.
J'ai enclenché la lecture du disque sans a priori mais les dix premières minutes m'ont un peu déstabilisé dans la mesure où j'ai eu un peu de mal à me plonger dans cet univers Inuit. Non pas que le début soit mauvais, bien au contraire, mais le jeu des acteurs est atypique et leur identification n'est pas aisée (faciès et noms inhabituels pour nous, occidentaux). Les premières scènes constituent le fondement de la légende évoquée avec notamment le rôle prépondérant qu'occupera le chamanisme tout au long du film. Il faut donc être très attentif et essayer de coller à l'histoire au plus près pour ne rien en perdre. La réalisation très posée de Zacharias Kunuk m'a rapidement permis d'appréhender les tenants et les aboutissants de l'histoire.
Une fois immergé dans cet univers à la fois méconnu et fascinant, le temps prend une autre valeur. Plus que par le jour et la nuit, le rythme est donné par les saisons et les actes de la vie quotidienne comme les repas, les fêtes, la chasse et la pêche. On suit le héros, Atarnarjuat, depuis l'âge de six mois jusqu'à ses vingt cinq ans ce qui aboutit à un film de près de trois heures. Mais, cette durée ne pèse pas dans la mesure où on accepte cette nouvelle échelle temporelle (il nous faut oublier les films d'action au coeur des mégapoles trépidantes !).
La principale force de cette oeuvre est de faire cohabiter le réel et l'irréel, ou l'imaginaire. Le réel est filmé avec un souci permanent de fidélité; quant au mode de vie des Inuits nomades, il est passionnant sans pour autant devenir didactique ou tourner au documentaire ethnographique (il en a la forme mais pas le fond, c'est une fiction). L'irréel est tout aussi captivant mais il est peut être plus difficile à appréhender, à moins d'être passionné de chamanisme et d'avoir au préalable quelques connaissances. Quelques scènes demandent un peu de réflexion (lorsque par exemple les morts parlent aux personnages) mais rien d'insurmontable.
Enfin, la réalisation de Zacharias Kunuk (premier long métrage mais plusieurs courts métrages à son actif) est à la fois sobre et lyrique, selon les plans et le moment de l'histoire. La recherche de l'esthétique n'a pas été son obsession, mais les images du paysage arctique  sont d'une grande beauté. Les scènes "caméra à l'épaule" donnent au récit une force incroyable, l'image de la fuite d'Atarnajuat, courant nu sur la glace, restera un passage d'anthologie.
Manifestement cette oeuvre arrive dans nos contrées alors qu'elle ne nous était pas destinée à l'origine. Son succès a grandement profitté aux habitants d'Igloolik, où le taux de chômage est de soixante pour cent et le taux de suicide dix fois supérieur à la moyenne.
Comment rester insensible à ses images et ses messages. Le seul effort qu'elle nous demande consiste à abandonner quelques instants notre habituelle vision des choses, en contrepartie, elle nous offre un pur moment de bonheur et d'émerveillement : le jeu en vaut bien la chandelle !

L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.77:1
Elle est de toute beauté. Aucun défaut visible, les couleurs sont équilibrées, la définition est bonne sans être exceptionnelle. La luminosité, si particulière sous ces latitudes, est des plus réussies : on arrive même à en percevoir les variations, les raccords sont parfaits.
Les nuances de blanc (neige, glace) et de bleu (ciel) sont retranscrites avec beaucoup de réalisme ce qui donne aux images de paysage un impact visuel considérable. Si la gamme des couleurs n'est pas aussi large que dans des films plus "classiques" il n'en demeure pas moins que quelques scènes révèlent des teintes très vives soutenues par une lumière chaude (exemple 1h56min15') 
Pour parvenir à ce résultat, Zacharias Kunuk a utilisé une Bétacam numérique avant d'effectuer un transfert sur pellicule 35 mm : seul ce type de matériel pouvait permettre au réalisateur de travailler dans des conditions difficiles avec l'avantage d'obtenir un master parfait.      

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Inuktitut
2.0
Inuktitut
5.1


Les formats audio disponibles sont le Dolby Digital 2.0 et le Dolby Digital 5.1, tous deux en VO.
En ce qui concerne le Dolby Digital 2.0 :
Le registre aigu est beaucoup trop mis en avant ce qui confère à ce format une agressivité permanente qui s'avère rapidement gênante.
En ce qui concerne le Dolby Digital 5.1 :  
Sans être très démonstratif, le 5.1 est supérieur au 2.0, par le gain d'espace sonore qu'il procure et par sa plus grande neutralité. La précision et la finesse caractérisent surtout la bande son. Tout est bien retranscrit, des bruits de pas dans la neige à l'aboiement des chiens de traîneaux (25"40) en passant par le vent et les chants des rites chamaniques. Les voix sont bien mises en valeur dans tous les environnements, pourtant très différents, comme les vastes étendues de neige ou l'intérieur d'un igloo (minutes 37 à 43).
La musique intervient rarement mais toujours très judicieusement (exemple minute 8), là encore avec un mixage adapté.
Enfin le canal de graves n'est que peu sollicité mais, quand il intervient, il s'impose. Pour résumer, la bande son sait se mettre au service de l'image pour la magnifier : un cas d'école.  

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
90 min
Boitier
Digipack


Disque 1 : le film
Les superbes menus animés et sonores donnent accès au chapitrage, au choix du format audio et au lancement du film. A noter un chapitrage efficace qui ajoute aux habituelles vignettes des légendes relatives au déroulement de l'histoire.
 
Disque 2 : "Au pays des Inuits" (les bonus)
Les menus (même aspect mais fixes et muets) donnent accès à :

- Canz (25 min, Dolby Digital 2.0, sous-titres Français) : il s'agit d'un court-métrage réalisé par Zacharias Kunuk sur son expérience Cannoise en 2000. Ce passage se présente sous la forme de séquences prises sur le vif, à l'image de ce que pourrait réaliser un vidéaste amateur. En dehors de cet aspect "brut" du document c'est surtout la sincérité et la spontanéité de Zacharias Kunuk qu'il faut retenir. Il est assez souvent en décalage avec la vie festivalière (et on le comprend !) qui l'ennuie même parfois. Enfin la chaleur l'incommode tout au long du film mais cela ne l'empêche en rien de garder toute sa fraîcheur d'esprit !

- Une légende Inuit (38 min, Dolby Digital 2.0, langue française) : Entretien avec Bernard Saladin d'Anglure, anthropologue et professeur à l'université de Laval de Québec. Cette section est une véritable mine d'informations sur la légende en question, sur le chamanisme et le peuple Inuit en général. L'intervenant y aborde sept thèmes (la légende, le chamanisme, les conflits, la polygamie, les vêtements, les tatouages, les noms) avec une maîtrise évidente de son sujet et une très grande clarté. Il nous propose un "décodage" de certains points ou de certaines scènes (avec l'illustration en images) qui nous permettent de mieux comprendre, et même parfois de découvrir, ce qu'ont voulu dire le réalisateur et le scénariste. Les éléments exposés dans cet entretien donnent envie de revoir le film, c'est un vrai plaisir.

- Entretien avec Zacharias Kunuk et Norman Cohn (15 min, Dolby Digital 2.0, sous-titres Français) : le réalisateur et le producteur du film (également chef-opérateur et co-scenariste) sont interwievés dans le hall d'un grand hôtel. Ils parlent de façon décontractée de la génèse du film, de leur volonté de faire connaître la culture Inuit, de l'accueil du public et de quelques anecdotes du tournage. Norman Cohn a tendance à monopoliser un peu la parole mais ces deux hommes partagent manifestement la même passion pour le peuple Inuit avec complicité et estime mutuelles.

- Entretien avec Natar Ungalaak (2 min, Dolby Digital 2.0, VO sous-titrée Français) :  L'interprète du personnage d'Atanarjuat ne bénéficie que de deux minutes pour se faire connaître, c'est peu, trop peu. On découvre seulement qu'en plus d'être acteur c'est un artiste, un graveur plus exactement. Ses participations à des films comme Kabloonak, Glory and Honor  et Frostfire  ne sont pas évoquées, pas plus que ses activités de cinéaste. La durée de ce passage et son inhérent manque de contenu sont frustrants et décevants.

- Extrait de "Nanouk, l'Esquimau"  (5 min. 30, noir et blanc, film muet mais fond musical en Dolby Digital 2.0, titres traduits en Français) : souvent présenté comme le premier documentaire de l'histoire du cinéma, ce film muet de 1922 (réalisateur : Robert Flaherty) nous montre Nanouk et sa famille en train de construire un igloo. Atanarjuat se veut être un témoignage sur la vie actuelle et passée des Inuits, une mise en évidence de leur façon de vivre, l'extrait de "Nanouk" est tout à fait adapté à cette démarche.

- Personnages de Atanarjuat : Les personnages sont présentés au travers de neuf écrans fixes qui reprennent l'aspect des menus. Si l'idée est judicieuse il faut bien dire que le résultat n'est pas convaincant. Les vignettes photos sont trop petites et les textes pour le moins succincts.  A l'image de ce que l'on trouve sur le site officiel du film, j'aurais préféré deux écrans principaux présentant les arbres généalogiques de chaque clan. Les vignettes auraient permis de visualiser les personnages et l'arbre aurait mis en évidence leurs liens familiaux. Enfin, en cliquant sur les mini-vignettes, on aurait eu accès, pour chaque personnage, à une galerie de photos de tailles conséquentes accompagnées de textes plus fournis.

- Le film-annonce de Atanarjuat (1 min.30, Dolby Digital 2.0, VO sous-titrée Français) : rien à dire de particulier, il s'agit d'une classique bande-annonce.

- Espace Editions Montparnasse : trois bandes annonces proposées par l'éditeur, Le peuple singe, Himalaya  et Microcosmos . Ecran crédits également disponible dans cette rubrique.

En conclusion, l'interactivité est à l'image de ce que l'on peut attendre d'un coffret collector. Le choix des suppléments s'est porté sur des rubriques filmées (entretien, interview, court-métrage) avec beaucoup de réussite. Pour être absolument parfait, il manque à ce DVD de bonus des documents sur, par exemple, la réalisation du film (conditions difficiles, passage d'une légende orale à un scénario écrit) ou sur la recherche artistique entreprise sur les vêtements et les objets (outils, armes, kayak ...). On aurait pu également envisager une fin alternative étant donné que celle de la légende est différente de celle du film.  Quoi qu'il en soit, ce manque de documents n'est en rien rédhibitoire d'autant plus que les rubriques proposées sont majoritairement d'une excellente facture.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage