L’histoire :
Fidèle au poste, Gamera défend la terre contre ses ennemis.
Critique subjective :
Scénarisée par Kazunori Ito (Ghost in the shell, Avalon) et mise en scène par Shusuke Kaneko (Necronomicon, Death note), la trilogie qui nous occupe en ces lignes est composée des titres suivants.
- Gamera Gardien de l’univers (1995 – 95 minutes)
- Gamera L’attaque de Légion (1996 – 99 minutes)
- Gamera La revanche d’Iris (1999 – 108 minutes)
Petit retour en arrière. Lancée par la Daiei, la franchise Gamera voit le jour au milieu des années soixante. Aussitôt plébiscitée, elle enfantera quelques fleurons du kaiju eiga. Selon les films (une dizaine de longs-métrages à ce jour), Gamera est soit un monstre préhistorique réveillé par des essais nucléaires (l’influence d’un certain Godzilla se faisant légèrement sentir …), soit une arme biologique mise au point par les Atlantes pour annihiler d’autres créatures, les Gyaos (option choisie par la trilogie présentement chroniquée). A l’écran, Gamera apparaît comme un croisement assez improbable entre Godzilla, une tortue et un avion de chasse. En sous-texte, le personnage dénonce les ravages de l’Homme sur l’écosystème (c’est une altération de l’environnement qui amorce le réveil des Gyaos) et, à l’instar de la mascotte de la Toho, permet d’exorciser le traumatisme de la bombe atomique.
Au fil de ces trois nouvelles aventures, Gamera sera amené à affronter les Gyaos (ses ennemis historiques, de grands reptiles volants qui raffolent de chair humaine), Légion (une nuée de créatures de l’espace qui font songer à certains arachnides de Starship troopers) et enfin Iris (monstre séculaire tiré de son sommeil). Agissant pour défendre la planète (et pas seulement pour préserver les humains), Gamera sera progressivement apprécié par les autorités et la population (voir la fin du second opus), même s’il constitue un allié assez pataud dans la mesure où il défonce systématiquement tout sur son passage (mieux vaut vider les lieux avant son « intervention »). C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui servira de base au troisième opus puisqu’il y est question d’une jeune fille élevant un monstre destiné à occire Gamera, qui avait accidentellement tué sa famille lors de son combat contre Légion.
Constat indéniable : les trois films adoptent une structure kaiju eiga très classique, avec tout ce que cela peut impliquer. Autant dire que les tunnels dialogués ne manquent pas et que l’on a tendance à s’ennuyer ferme dès lors que les créatures n’apparaissent pas à l’écran. Si les scènes d’action sont assez réjouissantes, force est de constater que les enjeux narratifs laissent de marbre. Des trois opus, le dernier, plus sombre (relation trouble entre une jeune fille et une créature maléfique), est de loin le plus intéressant. Il est par ailleurs le plus ambitieux en termes d’action (séquence aérienne inédite, final cataclysmique dans la gare de Kyoto) et le mieux emballé, ce qui le place nettement au-dessous du lot (sans pour autant lui permettre d’atteindre des cimes).
En matière d’effets spéciaux, on note une évolution assez nette d’un titre à l’autre. Jouant le kaiju eiga à l’ancienne, Gardien de l’univers n’utilise quasiment pas les CGI, contrairement à L’attaque de Légion (images de synthèse plus présentes, mais peu convaincantes) et surtout à La revanche d’Iris, qui les emploie assez abondamment (et avec plus de succès). Toujours est-il qu’à chaque fois, on retrouve le plaisir du gloumoute caoutchouteux et le bonheur de voir un acteur costumé saccager des maquettes (toujours soignées). L’essence même du kaiju eiga.
Verdict :
A l’arrivée, cette trilogie n’apporte pas grand-chose de nouveau à la franchise, se contentant juste de la perpétuer respectueusement, sans originalité aucune.
Un travail plus soigné que sur l’image, mais pas transcendant pour autant. Premier constat : la VO, contrairement à la version française, ne bénéficie jamais du format 5.1. L’action s’en trouve donc limitée au niveau sonore, avec une amplitude forcément restreinte. Plus probant, mais pas parfait (manque de précision), le 5.1 français s’en sort mieux et offre davantage d’immersion.