Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit a` se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne...
Depuis 2013, le réalisateur ébloui chaque fois ou créé des sensations à Cannes, que ce soit avec « Snowpiercer : Le Transperceneige » (2013) dans lequel ses héros lutaient pour leur survie sur une terre plongée sous une nouvelle ère glaciaire, ou encore en étant sélectionné à Cannes avec « Okja » (2016), premier film Netflix, présenté dans ce festival et dans lequel une jeune fille lutte pour sauver un cochon géant dont elle s’est occupée toute sa vie, et qu’une multinationale a capturé. Avec « Parasite », le réalisateur obtient la récompense tant convoitée au festival de Cannes : « La Palme d’Or », sous les applaudissements unanimes des critiques, qui furent tous embarqués par l’histoire de cette famille sud-coréenne qui vit de petites combines et va tout mettre en œuvre pour se mettre au service d’une famille riche, et s'approprier un peu de leur confort.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le film est une réussite totale, d’abord sur le plan scénaristique, puisqu’il tisse une toile implacable dans laquelle tous les protagonistes, sans aucune exception, vont se retrouver pris au piège. D’abord comédie drôle et sensible sur une partie presque inavouable de la Corée du Sud : Des familles entières qui vivent dans des entresols et ont bien du mal à subvenir à leurs besoins se retrouvant à vivre de combines. Dans une société où la réussite est une obsession, cette partie est difficile à montrer au grand jour et surtout difficile à rendre sympathique. Pourtant, Joon Ho Bong y parvient en exploitant le lien familial fort qui les unie, y compris jusqu’à la fin du film. Et puis, comme dans tous les pays industrialisés, il y a la réussite, la richesse, ces gens qui vivent avec des serviteurs et ses caricatures comme le mari toujours absent, et la femme seule à la maison, un peu naïve, et dont l’ennuie est palpable. Ces deux mondes vont se croiser et s’entrechoquer avec une force dont ils ne sortiront pas indemnes. Et c’est tout l’intérêt de ce scénario que d’utiliser les couches de la population Sud-Coréenne pour les confronter et en montrer ses failles.
Pour cela le réalisateur signe une mise en scène soignée, presque chirurgicale, avec des perspectives saillantes qui mettent en lumière les deux univers. L’un sale et confiné mais dont on sent la vie et la chaleur malgré la pauvreté ambiante. Un univers vivant, tout simplement. L’autre affreusement propre, silencieux et riche. Brillant, ne souffrant d’aucun désordre, mais qui semble figé dans le temps presque mort. Un monde qui devrait faire rêver mais qui, au final, effraye plus par sa froideur qu’il ne captive. Et puis, il y a ce couloir sombre au cœur de la cuisine, comme une bouche effrayante vers les entrailles, qui va petit à petit devenir un personnage et livrer les natures des uns et des autres. Le réalisateur s’amuse de ces environnements et ses acteurs deviennent presque des acrobates dans une scène mémorables où les deux mondes, celui de la lumière et celui de l’ombre se retrouvent inopinément.
Pour porter la réussite de son film le réalisateur peut compter sur son acteur fétiche Kang-Ho Song déjà présent dans « Snowpiercer : le Transperceneige ». L’acteur impose son jeu entre comique et simplicité, qui n’est pas sans rappeler notre Bourvil national qui était capable de faire passer toute une palette de sentiments, par sa fausse maladresse et en même temps de nous émouvoir par sa simplicité et sa spontanéité. Face à lui le jeune
Woo-Sik Choï (Okja) qui semble survoler le film d’un jeu léger et bourré d’énergie et qui va pourtant se révéler plus sensible qu’il ne semble l’être.
En conclusion « Parasite » de Joon-Ho Bong est une excellente surprise qui passe de la comédie, à la satire sociale en passant par le thriller avec une aisance scénaristique qui force le respect et un sens précis de la mise en scène qui permet d’obtenir le meilleur de ses acteurs.