Une équipe d’anciens braqueurs est arrivée au Paradis : Phuket, sud de la Thaïlande. Désormais commerçants, ils coulent des jours heureux. Jusqu’au jour où le diable débarque : Mehdi, condamné à 15 ans de prison lors du braquage, vient récupérer sa part du gâteau. Seul problème, il n’y a plus de gâteau. Et le diable est affamé.
Le cinéma français aime la comédie ou les films policiers testostéronés à l’outrance où souvent les gangsters sont plus intéressants que les flics eux-mêmes. Dans « Paradise Beach » d’ailleurs, les flics ne sont pas présents. Puisqu’après un braquage qui a mal tourné, une bande de braqueurs part pour la Thaïlande, où 15 ans plus tard l’un des leurs va les retrouver pour demander sa part. Mais c’est là où le bas blesse, puisque de part il n’y en a plus, et de là commence à monter une pression qui aura bien du mal à redescendre. Côté scénario, le moins que l’on puisse dire c’est que le film offre une belle promesse, avec des personnages certainement bien ciselés et une tension palpable de bout en bout.
Mais voilà, si il y a promesse, elle est très loin d’être tenue, d’abord parce que les personnages justement sentent la caricature à plein nez. Impossible dés lors de s’attacher à eux réellement ou même tout simplement de s’identifier à l’un d’eux. Jamais dans la profondeur, Xavier Duringer (La Conquête) et son scénariste Jean Miez (La Source), semblent avoir prit tout ce qui se faisait de pire dans le cinéma de genre et de les avoir empilés pour faire une sorte de collage de gangsters jamais réellement touchants. Et même le personnage de Mehdi, interprété par Sami Bouajila (Indigènes), qui pouvait être celui pouvant bénéficier de surplus de matière, ne parvient jamais totalement à sortir du lot. Et de situations improbables où tout le monde zigouille tout le monde dans une sorte d’indifférence et d'incohérence totale en scène de boite de Strip-tease sous tous les angles, l'ensemble se suit sans aucune passion.
Ajoutez à cela une mise en scène, fort peu inventive, qui va multiplier jusqu’à l’outrance des scènes de danseuses Thaïlandaises dans un « Peep show », comme pour coller à l’image que veut se donner une partie de sa distribution. Rarement originale, la mise en scène semble plus miser sur les codes que sur l’inventivité. Et même lorsque cela pourrait être possible, comme lors de l’attaque du club et du restaurant, les plans sont assez figés et manquent, du coup de fluidité. Il est difficile de réellement se passionner pour un film qui manque tellement de profondeur et de substance. N’est pas Olivier Marchal qui veut !
Et c’est du côté de la distribution aussi que les choses tournent mal. Si
Sami Bouajila et Tewfik Jallab (La Marche) tentent tant bien que mal de sauver ce qu’il reste d’un désastre, le reste de la distribution reste enfermée dans de la caricature de personnages sans aucune profondeur et encore moins de saveur. Il ne suffit pas d’être un rappeur pour faire un bon gangster. Et pourtant, nous pouvions espérer de grandes choses de la part de
Kool Shen du groupe NTm qui nous avait ému aux larmes dans « Réparer les vivants » de Katell Quillévéré (2016), dans « Paradise Beach » il apparaît bien trop linéaire pour être à la hauteur de l’attente. Chacun voulant jouer la carte du méchant, sans jamais chercher à le comprendre. Seul
Hubert Koundé (Gangsterdam), parvient à sortir parfois de sa zone de confort pour nous toucher, mais cela n’est pas suffisant pour sauver du désastre le bateau qui sombre inlassablement.
En conclusion, « Paradise Beach » est un film décevant car il ne cesse de se rouler dans la caricature, sans jamais chercher à s’en échapper. Le scénario enfile les perles d’un collier déjà bien chargé et la mise en scène ne cherche même pas à être inventive. Quant à la distribution, elle joue innocemment la caricature et ne sert pas à relever le niveau. Est-il nécessaire de parler de la B.O., complètement « à côté de la plaque ».