François Mitterrand: Conversations avec un Président

Synopsis

Fin 1992, lors d'un week-end à Brégançon, François Mitterrand acceptait le principe d'une série d'entretiens confidentiels que lui proposait Jean-Pierre Elkabbach... C'était une aventure autant qu'un défi.
Au lendemain de la défaite de la gauche aux législatives, c'est un président isolé mais aguerri, contesté mais combatif, qui inaugure, vendredi 2 avril 1993, la première de ces 'Conversations' qui comportent de nombreux entretiens de Jean-Pierre Elkabbach et de François Mitterrand, enregistrés entre mars 1993 et juin 1994. Les deux contiennent les cinq programmes suivants : 1/ « On ne peut rien contre la volonté d’un homme…. » 2/ Le procès Bousquet n’aura pas lieu… » 3/ Ce n’est pas mon affaire… » 4/ « En général, les inquisiteurs sont des lâches… » 5/ « Jusqu’au dernier matin du dernier jour… ».Des enregistrements restés cinq ans au secret.


Critique subjective

Les circonstances

 LORSQU'EN 1992, Jean-Pierre Elkabbach proposa à François Mitterrand, lors d'un week-end au fort de Brégançon, de réaliser avec lui une série d'entretiens télévisés, il l'assura que les images ne seraient diffusées qu'après son départ de l'Elysée. "Alors ce sera après ma mort", répondit le président malade. Les conversations filmées durèrent quinze mois. Elles furent nombreuses, près d'une douzaine d'heures enregistrées entre avril 1993 et juin 1994, par petits morceaux volés en fin d'après-midi aux obligations du pouvoir, mais interrompues à l'été 1994, lorsque le chef de l'Etat fut si mal que l'on cru qu'il mourrait sans terminer son mandat. En coulisse, seuls quelques collaborateurs, le conseiller en communication Jacques Pilhan, le secrétaire général de l'Elysée Hubert Védrine, la secrétaire générale adjointe Anne Lauvergeon, assistèrent parfois aux séances. Mais c'est Jacques Pilhan, puis après son décès, Michèle sa femme, qui gardèrent pendant cinq ans les cassettes, dans le coffre d'une banque. Au printemps 1999, Jean-Pierre Elkabbach a demandé aux journalistes Marie-Eve Chamard et Philippe Kieffer de restructurer l'ensemble en une série documentaire pour la télévision. Le tout en concertation avec André Rousselet, l'exécuteur testamentaire de l'ancien président de la République, et les ayants droit de François Mitterrand, dont sa fille Mazarine Pingeot qui, assure Jean-Pierre Elkabbach, n'ont donné aucune directive ni demandé de coupe au montage.




Jean-Pierre Elkabbach
Né à Oran en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a fait ses études à l'Institut de presse et faculté des lettres de Paris (IEP Paris). D'abord journaliste à Oran, Alger et Constantine pour Paris, il fut ensuite à l'ORTF jusqu'en 1968, puis correspondant à Bonn, présentateur du journal télévisé de la première chaîne de 1970 à 1972, puis d'Antenne 2, de 1972 à 1974. A partir de 1975, il est successivement rédacteur en chef à France Inter, rédacteur en chef à la direction de l'information de Radio France, directeur de l'information d'Antenne 2 (et auteur de différentes émission). Sur Europe 1, il fut animateur de "Découvertes" de 1982 à 1987, directeur d'antenne en 1987, présentateur du 8-9h de 1987 à 1988 et directeur général adjoint jusqu'en 1993. En 1990, il devient conseiller auprès du président et du directeur général de la Cinq où il animera le magazine "Pile et Face" en 1991. Jean-Pierre Elkabbach animera également l'émission "Repères" sur France 3 de 1992 à 1993 avant de devenir le Président de France Télévision en décembre 1993. Il quittera ses fonctions en juin 1996 et sera en charge de l'émission "l'invité du matin" à 08h20 sur Europe 1, puis animera le Club de la presse jusqu'en juillet 2000. Depuis décembre 1999, Jean-Pierre Elkabbach est le président de la chaîne parlementaire PUBLIC SENAT qui fête ses 1 an ce mois-ci et il continue ses rendez-vous politiques sur Europe 1. A partir du jeudi 3 mai, France 2 diffusera les nombreux entretiens de Jean-Pierre Elkabbach et de François Mitterrand, enregistrés entre mars 1993 et juin 1994


Une polémique justifiée

Le « cancer de l’éthique », c’est justement le sujet au lance-flammes des pages Rebond de LIBERATION : « Elkabbach, thanatographe audiovisuel », écrit ainsi Jacques-Olivier Barthes, pour dénoncer la connivence entre journalistes et hommes politiques, à travers la polémique qui s’est fait jour concernant les droits d’auteurs et au delà, le statut des « Conversations avec un président », entre Mitterrand et Elkabbach. Si elles ne contiennent aucune révélation, ses confidences tracent le portrait saisissant d'un homme jusqu'au bout sculpteur de lui-même. Le résultat est étrange et rare. Plusieurs choses frappent. D'abord, une assez grande misanthropie pour ses contemporains ou du moins un grand mépris pour les autres hommes politiques, pour la presse, pour une certaine catégorie d'intellectuels dont il assassine les plus médiatiques représentants. Bernard-Henri Levy a réuni à la Mutualité les partisans d'une intervention militaire contre les Serbes de Bosnie ? Le président balaie leur indignation d'un revers de main : "Ce ne sont pas, que je sache, des spécialistes de la stratégie militaire et de la frappe... L'Abbé Pierre... Françoise Giroud." On lui reproche ses positions sur Vichy et le jugement des criminels contre l'humanité ? Il qualifie violemment ses attaquants d'"excités professionnellement et caractériellement excités, des gens que je suppose en Israël on ne supporterait pas, mais la France est très libérale, ils ont le droit à l'insulte permanente". Il hait ceux qui veulent fouiller et juger la part noire de l'Histoire : "en général, les inquisiteurs sont des lâches", dit-il.


Morceaux Choisis et avis définitif

 Les qualités d'un président de la République : "Il faut de la patience, en tout cas. Il ne faut pas être sensible au stress. (...) Je suis d'un naturel très patient. Ma patience est faite de mille impatiences (...) La principale qualité d'un homme d'Etat je voudrais dire que c'est la sincérité, mais c'est l'indifférence. (...) Ça veut dire garder une distance par rapport à la brutalité de chaque événement, ne pas se laisser impressionner." JEAN-PIERRE ELKABBACH est sans aucun doute le journaliste français qui a entretenu les relations les plus complexes, les plus mouvementées avec François Mitterrand en particulier et la gauche en général. Renvoyé de la télévision publique après la victoire des socialistes en mai 1981, parce qu'il symbolisait l'allégeance de la télévision au pouvoir giscardien, il est devenu, douze ans plus tard, le confident de François Mitterrand. Dieu que ces conversations sont « insipides » et ennuyantes. Mitterrand se met en scène , a l’air de s’ennuyer ferme, Elkabbach est mielleux et ne pose jamais les vraies questions qui fâchent ou alors en prenant mille détours et précautions, Mitterrand en répond jamais aux questions posées. Il est dommage que ce DVD soit le testament politique choisi.


Un dernier mot

13 juillet 2001. Le ministère public de la cour de discipline budgétaire et financière affirme qu'il n'y a pas lieu à poursuivre dans l'affaire des animateurs-producteurs de France 2, dans laquelle M. Jean-Pierre Elkabbach, président de France-Télévision avait été mis en cause. Nous n’y verrons aucune relation de cause à effet.

Elle est très correcte lors des interviews de François Mitterrand. Par contre le reste pose un vrai débat : celui de la sauvegarde des archives de télévision. Les images, datant de 1993, tiré des Journaux Télévisés, grouillent , sont pleines de fourmillement et pleines d’halos et de rémanence.

Même constat. L’essentiel se joue sur la centrale. Les dialogues sont très clairs et d’une puissance rare lors des interviews. Lors des images d’archive, le son est brouillon, saturé ou distant.

Rien.