Melvin est super-héros malgré lui. La trentaine bien entamée, il habite encore chez sa mère et ne vit que pour la fête, les femmes et la drogue. Jusqu’au jour où il réalise que la seule façon pour lui de revoir son fils, que la justice lui interdit d’approcher, c’est d’accepter son destin, et d'exploiter ses super pouvoirs pour lutter contre le crime. Mais dans un monde dans lequel personne ne comprend ni sa situation, ni d'où il tient ses incroyables pouvoirs, ces derniers pourraient bien causer sa perte...
A première vue le film de Nick Love (The Sweeney), n’est pas le film de super héros auquel on pouvait s’attendre. D’abord le super héros en question n’a vraiment rien d’un personnage charismatique (même Hancock s’en sort mieux), ensuite le contexte ne s’y prête pas non plus ( ne bourgade américaine rongée par le chômage et la drogue. Ajoutez à cela des amis un peu (beaucoup) borderline et vous avez la recette d’en film aux antipodes du long métrage de super héros.
Et puis à y regarder de plus près, pas tant que ça ! Car le point commun de tout ces personnages dotés de super pouvoirs c’est quand même cette tendance fâcheuse à développer des troubles du comportement. La vie sociale est au ras des pâquerettes, la vie amoureuse on en parle même pas, quant aux supers pouvoirs en question ils deviennent plus des boulets qu’autre chose. Du coup, le film de cet anglais un peu agité est intéressant car il prend le sujet au pied de la lettre. A commencer par la première question : que ferions-nous si nous avions des supers pouvoirs ? La réponse est simple : nous n’avons pas tous l’âme de pourfendeur de dragon ou sauveur de l’humanité, non, avant tout on s’amuserait avec !
Et dans le cas de Melvin cela se résume à faire marrer les copains et à ne rien changer à son existence. Il voit ses potes, traîne dans la rue, voit ses potes, se défonce et fait la fête, voit ses potes et pas son fils. Mais voilà la réalité rattrape toujours le rêveur. Et le héros doit un jour assumer sa différence même à son corps défendant. Et la mise en scène de Nick Love est intéressante, car elle sort des sentiers balisés du film de genre, en utilisant une narration proche du documentaire, avec des témoignages et le public qui se retrouve dans la peau du journaliste. Les effets spéciaux sont rudimentaires mais participent à rendre l’atmosphère plus ancrée dans le réel. Du coup on se prend très vite au jeu et l’on a envie soit de secouer Melvin, soit de dire à son entourage : « Fichez lui la paix ! ». Pourtant à mesure que l’histoire se déroule et que Melvin se retrouve acculé, le réalisateur maintient la pression pour laisser la trame se mêler aux effets spéciaux parfois discrets mais efficaces.
Côté distribution Stephen Dorff (World Trade Center) est saisissant de gravité et d’insouciance dans le rôle de ce personnage qui ne veut pas assumer ses pouvoirs tout comme il ne parvient pas à assumer sa paternité. L’acteur que l’on connaît surtout pour une carrière impressionnante de série B, se révèle particulièrement convaincant dans un rôle nécessitant une certaine nuance dans le jeu.
En conclusion « American Hero » est un film intérressant, magnifiquement mise en scène par Nick Love qui a eu l’intelligence de traiter son sujet comme s’il était réel. Avec une inspiration nouvelle il nous offre un film intelligent avec une distribution inspirée.