Âgé de 7 ans, Jésus quitte l’Egypte avec ses parents où ils vivaient exilés, pour retourner à Nazareth. Hérode, qui a entendu parler de l’existence d’un prétendu messie, envoie alors le centurion Severus pourchasser l’enfant.
L’éditeur Saje nous avait déjà proposé un film biblique avec « Samson » qui laissait un goût de pas forcément très abouti. Le même éditeur nous propose cette fois-ci : « Le Jeune Messie », dans lequel le réalisateur et scénariste américain, Cyrus Nowrasteh (Into The West) s’est interrogé sur ce qu’aurait pu être la vie de Jésus, pendant son enfance, lorsqu’il découvrit qu’il possédait certaines prédispositions à faire des miracles. Une idée qui peut se révéler bonne tout autant que « Casse-gueule) tant la religion est un terrain sacré qu’il est difficile de piétiner sans avoir mis les bonnes chaussures. Et même si les catholiques laissent assez aisément une certaine liberté aux artistes, l’aspect sacré du personnage ne peut souffrir de libertés trop subversives.
Et pour tout de suite tailler dans le vif, le scénario que le réalisateur a écrit avec sa sœur Betsy Giffen Nowrasteh (Sous Pression) évite justement le ridicule et le blasphématoire. Et si dans les écris de la bible l’enfance du Messie est très peu développé et laisse donc toutes les suppositions, les miracles qu’il réalisa restent les raisons de sa réputation sacrée. Du coup, tout en saluant, l’originalité de penser que Jésus avait acquit sa réputation dés l’enfance est une bonne idée, d’autant que le scénario pousse la réflexion en mettant en lumière le paradoxe d’une population qui idolâtre l’enfant pour ce qu’il réalise mais en a peur au point de le calomnier. Autre bonne idée, celle de mettre, encore une fois, les romains dans le doute, avec ce personnage d’officier Romain, interprété par Sean Bean (Game Of Thrones) qui va enquêter sur cet enfant dont tout le monde commence à parler.
Mais prendre des libertés c’est également rester cohérent avec ‘histoire que tout le monde connait forcément, celle de ce prophète qui va apparaitre sur les terres de Judée et de Jérusalem et prêcher en se présentant comme le fils de Dieu et pour le confirmer va se mettre à réaliser des miracles comme celui de ressusciter Lazar. Et la plus mauvaises des idées qu’ont pu avoir les réalisateurs est justement de tourner en boucle sur ce miracle et celui de soigner les malades. En reprenant, les miracles les plus connus de Jésus, les auteurs évitent le piège de la trop grande liberté, mais en perdent une certaine originalité. Car finalement la proposition de départ ne repose plus que sur le poids que représentent ces pouvoirs dans l’esprit d’un enfant au moment où les questions doivent se poser dans son esprit sur sa place dans le monde, et cela est bien insuffisant.
Côté mise en scène, pas grand-chose d’exceptionnel, mais une envie d’offrir une reconstitution soignée de l’époque. Et de ce côté-là, le compte y est et même si en grattant un peu, nous pouvons regretter un manque de moyens, une chose est sûre, le travail est soigné et le résultat suffisant pour être crédible. Cyrus Nowrasteh, ne cherche pas l’exceptionnel, mais soigne sa mise en scène avec une caméra très proche des personnages pour mieux faire ressortir l’aspect christique. Il n’hésite pas à utiliser un grand angle pour les plans en extérieurs, lorsque la foule commence à se presser autour de l’enfant ou lorsque celui-ci apprend qu’il va devoir faire avec une existence de guide.
En conclusion « Le Jeune Messie » est une prise de risque narrative de son réalisateur Cyrus Nowrasteh qui est tout de même à souligner, et même si le scénario reste un peu trop restrictif pour ne pas trop se perdre dans les libertés prises avec le mythe, une chose est sûre la volonté de sortir des chemins balisés est à souligner. Mais l’ensemble est un peu trop léger pour être totalement réussit.