C'est l'été dans un petit village du sud-est espagnol. Une tempête menace de faire déborder à nouveau la rivière qui le traverse. Une ancienne croyance populaire assure que certaines femmes sont prédestinées à disparaître à chaque nouvelle inondation, car elles ont « l'eau en elles ». Une bande de jeunes essaie de survivre à la lassitude de l’été, ils fument, dansent, se désirent. Dans cette atmosphère électrique, Ana et José vivent une histoire d'amour, jusqu'à ce que la tempête éclate...
Voici une première œuvre surprenante. Surprenante de simplicité et de complexité également, qui n’est pas en manque de faiblesses, mais qui se révèle d’une telle sincérité qu’il est particulièrement difficile de ne pas succomber au charme de cette histoire où les habitants vivent au cœur des légendes alimentées de génération en génération par des récits qui se transmettent oralement et par la religion qui vient y mettre son grain de sel. Un petit village du Sud-Est de l’Espagne, des vieux qui s’inquiètent de l’eau, une légende qui dit qu’elle vient prendre une femme dans son lit, et de jeunes qui rêvent de partir, de s’émanciper et de découvrir le monde sans se préoccuper de l’eau.
Elena Lopez Riera qui a également signé le scénario, a plongé dans es souvenirs pour en ressortir une œuvre dans laquelle plusieurs thèmes viennent se télescoper : L’amour, les jeunes, les vieux, les légendes, l’envie de liberté etc… Une œuvre en forme de fragments de souvenirs qui mit bout à bout deviennent une histoire à la fois simple et complexe, où tout se mélange sauf la détermination de l’héroïne du film de vivre sa vie et de la vivre pleinement, en se moquant des quolibets et autres rumeurs qui courent sur elle et sur sa famille. Elle a un rêve, une envie et surtout, elle aime José, un beau garçon qui participe à des concours de pigeons qui semble le meilleur moyen de faire briller sa masculinité dans une campagne qui ne laisse pas beaucoup d’autres moyens de s’affirmer. Et les deux amants vont tout mettre en œuvre pour sortir de cette noirceur ambiante et de garder de la couleur dans leur vie.
Et la mise en scène d’Elena Lopez Riera, se veut plus proche du documentaire, notamment en utilisant que deux comédiennes professionnelles, pour interpréter la mère et la grand-mère et, donc, tout un casting de non professionnels qui viennent donner une sorte de sincérité dans le propos, à la fois inquiétant et poétique à souhait. Alors certains pourront reprocher une interprétation un peu trop mal maitrisée, mais c’est justement tout le sens de la mis en scène de la réalisatrice que de garder une touche presque « amateur » de son histoire pour ne faire ressortir encore plus cette dualité permanente. « El Agua » est une œuvre imparfaite mais que vient compenser un scénario d’une rare sincérité qui nous plonge dans une histoire où se mêle l’ennuie de la jeunesse, ses amours et surtout les légendes et la religion qui viennent pourrir ou guider les existences de ceux qui décident de rester, au grand désespoir qui rêve de fuir et de parcourir d’autres contrées.