Feña est un jeune homme trans qui mène une existence trépidante à New York. Au cours d’une seule journée, son père chilien, son ex-petit ami et sa demi-sœur de 13 ans refont surface dans sa vie. Ayant perdu le contact avec eux depuis sa transition, Feña va devoir réinventer ces anciennes relations, tout en gérant les défis quotidiens liés à sa nouvelle identité.
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Serbo-Chilien Vuk Lungulov-Klotz a décidé d’aborder un sujet qu’il connaît personnellement, celui de la transidentité et notamment de « cette dualité entre la personne que nous étions et celle que nous devenons ». Il suit ainsi le parcours de Feña, jeune homme trans qui va devoir gérer le retour de son ex petit ami, avant sa transition, un père qui doit arriver à l’aéroport et une sœur qui a séché l’école pour passer du temps avec lui. Sans parler de tout ces aléas qui vont rendre ces 24 heures bien compliquées.
Le scénario, qu’il a lui-même signé, aurait pu être le point de départ d’une comédie, mais le réalisateur a choisi, au contraire, comme si le style humoristique ne convenait pas au sujet de la transidentité, de prendre un ton plus sombre, plus solennel qui rend le film, non pas austère, mais distant par rapport au spectateur qui aurait préféré une certaine légèreté pour mieux aborder cette dualité et cette douleur intérieur qui est le lot de ces personnes, nées dans un corps qui n’est pas le leur et qui doivent en affronter constamment les conséquences, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Car la transidentité n’est pas, comme cela se propage à l’heure de la « Trump Academy », un effet de mode, mais simplement une souffrance dont on parle enfin beaucoup plus, et que l’on met en lumière, pour que ces personnes ne soient pas cloisonnées à une vie d’underground.
Pour autant, et sans que cela ne vienne démériter le travail de Vuk Lungulov-Klotz, parler des personnes trans avec un peu plus de légèreté n’est pas leur faire offense, surtout lorsque le respect et la compréhension de la douleur reste un élément intégrant de l’intrigue. Ici, le réalisateur reste sur une tonalité sombre et se laisse aller parfois à quelques longueurs qui viennent garder le spectateur à distance et l’empêche de s’identifier à Feña, alors que son personnage vit, à certains écarts près, les mêmes tourments que n’importe quel être humain, si ce n’est que ce changement de corps devient un obstacle à la compréhension de l’autre. Et il faudra attendre la dernière partie du film pour que le réalisateur trouve le ton le plus juste et le plus inspiré pour que le spectateur soit enfin touché en plein cœur de cette tristesse et de cette douleur qui habite le personnage principal.
Reste à souligner la prestation touchante de Lio Mehiel (Wecrashed). L’acteur, malgré un rôle qui ne fait pas beaucoup dans la nuance parvient à toucher et donner un certain relief à son personnage. Face à lui Cole Doman (Gossip Girl : Nouvelle Génération), vient apporter cette fameuse touche de simplicité et surtout ce regard qui consiste à faire comprendre à son partenaire que son regard sur lui-même est le premier obstacle à leur amour. « 24 Heures à New-York » est un film touchant, mais qui met trop de temps à trouver son rythme et sa tonalité et que l’on aurait préféré plus léger, pour mieux approcher le personnage principal sans pour autant en oublier sa propre souffrance.