Maître Pompignac, risée du barreau, pense avoir trouvé l’affaire de sa vie : défendre la jeune et innocente Josette, accusée à tort du meurtre d’un maréchal… Mais c’était sans compter sur son adversaire, le redoutable et réputé Maître Valvert, et surtout sur Josette, qui s’avère n’être autre… qu’une chèvre !
Fred Cavayé est un réalisateur qui aime, d’une certaine manière, brouiller les cartes. Passant aussi bien du polar vitaminé « Mea Culpa » en 2014 à « Radin ! » en 2016, en passant par le drame avec « Adieu Mr Haffmann » en 2020. 4 ans plus tard et en attendant sa version des « Misérables » de Victor Hugo avec Vincent Lindon en Jean Valjean, le réalisateur revient avec « Les Chèvres », une comédie avec deux stars en tête d’affiche : Dany Boon (Bienvenue chez les Ch’tis » et Jérôme Commandeur (Irreductible).
Pour « Les Chèvres », tout est parti d’une discussion entre le réalisateur et ses producteurs Eric Jehelmann et Philippe Rousselet, qui parlèrent de ces procès qui eurent lieu, il y a plusieurs siècles en France et dont les accusés étaient des animaux. Le réalisateur s’est alors penché sur le sujet et avec ses co-scénaristes Sarah Kaminsky (La Tresse), Nicolas Slomka (Fiasco) et Matthieu Rumani (Family Business) s’est mis à construire cette histoire où une chèvre est accusée du meurtre d’un maréchal. Alors, sur le papier, cela donnait de bonnes idées, mais également le piège de sombrer dans une comédie un peu « Foutraque », dans laquelle tout le monde irait y puiser tout et n’importe quoi. Et c’est exactement ce qui arrive au film « Les Chèvres » ! Le scénario semble vouloir jouer sur l’absurdité de la situation, mais en même temps, utiliser son impact sur le public pour aborder d’autres sujets plus anachroniques, comme la place de la femme dans cette société d’un siècle lointain.
Et, d’ailleurs la mise en scène de Fred Cavayé que l’on a connu plus inspiré, même si pas forcément suffisamment documenté, va dans le sens de cette déroute. Car le film semble avoir bénéficié de peu de moyens et cela se voit dans l’utilisation maladroite d’effets visuels, mat painting, CGI etc… La photographie est souvent désastreuse et participe à laisser le spectateur sur le côté de la route. D’autant que le réalisateur va utiliser des clins d’œil à la culture panthéonisée de la France, comme lorsque Camille soulève une charrette embourbée, faisant référence à la fameuse scène de Jean Valjean sauvant un pauvre homme coincé sous les roues d’une charrette en la soulevant. Et puis, il y a une foule de mauvaises idées, comme celle de faire de Mazarin, un cardinal obèse et boulimique, qui ne supporte pas Louis XIV, présenté comme un sale gosse. La façon dont Fred Cavayé amène ces idées qui pouvaient être drôle, manque totalement de volume et fait ainsi retomber le soufflet d’une comédie qui aurait pu être drôle.
Et puis comme si cela ne suffisait pas, la distribution en fait des caisses et se perd en s’autoparodiant. Dany Boon, malgré tout le bien que l’on peut penser de lui semble ne pas retrouver la bonne tonalité pour conserver sa couronne. Ici, il joue un mélange de Bourvil et De Funès qui manque cruellement d’inspiration. Même chose, pour Jérome Commandeur, qui se laisse aller dans sa zone de confort et ne parvient pas à en sortir pour donner de la drôlerie à son personnage, comme il sait pourtant si bien le faire. Seule Claire Chust (Miss) tire son épingle du jeu en sortant de ses rôles de jeune fille un peu naïve et idiote.