Enric Marco est le président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. À l’approche d’une commémoration, un historien conteste son passé d’ancien déporté. Marco se bat alors pour maintenir sa version alors que les preuves contre lui s’accumulent…
Dans tous les drames, il y a des gens qui vont tenter de profiter de la solidarité qui va s’en dégager et, pourquoi pas, obtenir un statut qui ne lui appartient pas. Le cas d’Enric Marco, s’inscrit complètement dedans, même si on peut y apporter une certaine nuance. L’homme né en 1921 et mort en 2022, fut au cœur d’un scandale retentissant en Espagne en 2005, alors que le pays s’apprête enfin à reconnaître les déportés espagnoles, livrés aux Allemands par le dictateur Franco. Marco, est le président d’une association d’anciens déportés survivants : L’Amicale de Mathausen. Lui qui se prête depuis 2000 à de nombreuses conférences, en tant qu’ancien déporté, va porter la voix de s ces victimes pour les faire entendre. Seulement, voilà, un historien Benito Bermejo, va faire des recherches par hasard et se rendre que l’homme qui se présente comme un rescapé des camps, n’est, en fait, qu’un imposteur, au passé beaucoup moins glorieux qu’il le prétend.
Sur la base de conversations avec Marco, lui-même, avec des membres de l’association et de nombreux documents, les réalisateurs Aitor Arregi et Jon Garano (Une vie secrète), aidés par José Mari Goenaga (Flowers) vont retracer le parcours de cet homme, attiré par le succès, par les médias et tout ce qui faisait parler de lui. D’abord prévue comme documentaire, les réalisateurs ont finalement décidé de réaliser une fiction, qui leur permettraient de prendre quelques libertés avec les intervenants, mais surtout de donner plus de profondeur à un personnage réputé comme manipulateur hors pair. Et même si on peut lui reprocher d’annoncer trop rapidement les doutes, le scénario nous offre une histoire passionnante d’un homme qui aura eut le mérite, par ses mensonges et son obsession pour faire parler de lui, des faire venir, dans la lumière, les oubliés espagnoles de la seconde guerre mondiale.
Et il en va de même de leur mise en scène, ils plantent leur caméra au cœur des personnages et au plus près d’Eduard Fernandez dont le jeu apporte une tonne de nuance à Eric Marco. Il parvient presque à le rendre touchant, pour ensuite le rendre carrément grotesque et irritant. Les réalisateurs ont bien compris que l’acteur ne ferait pas dans le mimétisme mais dans la subtilité et ils veulent tout capter de ses changements. Cela donne un film, fluide et puissant où l’on suit un homme qui survole son mensonge et un acteur qui donne de la puissance à un maitre de la manipulation, mais dont la fébrilité lorsqu’il est en danger le fait flancher inexorablement vers la chute. Aitor Arregi et Jon Garano suivent un rythme qui oscille entre documentaire et fiction, pour mieux ancrer le film dans la réalité. Le choix narratif est une aubaine qui permet de mieux comprendre comment il a réussi à séduire tous les intervenants, y compris les rescapés qui l’ont pris pour un des leurs.