Dans une région ouvrière de Suède, trois jeunes sœurs se débrouillent seules, laissées à elles-mêmes par une mère absente. Une vie joyeuse, insouciante et anarchique loin des adultes mais interrompue par un appel des services sociaux qui souhaitent convoquer une réunion. L’aînée va alors devoir trouver quelqu’un pour jouer le rôle de leur mère…
Le cinéma Suédois, n’est pas réputé pour mettre en image les classes ouvrières ou désocialisée de sa population. Alors c’est assez surprenant et pas inintéressant que de se pencher sur « Paradise is Burning » premier de la réalisatrice Mika Gustafson, qui a également signé le scénario avec son co-auteur Alexander Öhrstrandt (Bron). Ici, Mika Gustafson nous plonge dans une famille, dont le père est mort et la mère a quitté le foyer sans que personne ne sache où elle se trouve et dont personne ne semble s’émouvoir, laissant ses filles vivre de débrouille et de petits larcins. La population les connaît et tente d’empêcher leurs mauvaises actions, mais parfois une bonne âme se pose un peu sur elles.
On pense forcément à la série anglaise puis Américaines :« Shameless », avec la fille ainée qui doit assumer à elle seule le rôle de mère, de père et doit également s’éveiller à ses changements physiologiques et surtout essayer d’avoir sa propre vie. Et c’est là que le scénario est intéressant, car il montre non pas une famille dysfonctionnelle, uniquement, comme dans les séries de Paul Abbott en Angleterre et John Wells aux Etats-Unis, mais plutôt la difficile construction de ses enfants, sans beaucoup de repères, qui doivent également apprendre à vivre à se développer et à connaître des bouleversements comme l’amour par exemple. Le scénario est précis, se laisse aller à quelques facilités, mais c’est pour mieux, ensuite nous ramener dans cette peinture touchante et révoltante d’une jeunesse abandonnée par l’inconsistance des adultes.
La mise en scène va à cent à l’heure pour suivre la vie de cette famille, de leurs amis et de leur entourage, mais sait se faire plus sobre et plus lente lorsqu’il s’agit de se focaliser sur Laura, la fille ainée et de ces moments qu’elles s’accordent sans trop comprendre pourquoi pour vivre un peu de bonheur à travers cet amour naissant. De ces instants suspendus vont naitre l’incompréhension, notamment de Mira, la deuxième sœur qui, elle se rêve, manager d’un chanteur, qui espère avoir une chance de s’en sortir mais qui reste suspendu à l’aide de sa sœur. On le voit bien, « Paradise is Burning » de Mika Gustafson n’est pas un simple film qui pourrait être inspiré de la série « Shameless » c’est avant un film social sur une partie de la population Suédoise qui n’est pas aussi brillante que la majorité et dont les enfants cherchent avant tout à se battre, sans en avoir vraiment le choix, pour ne pas se laisser emporter par l’abandon des parents.
Un film touchant, donc, qui le doit surtout à la prestation souvent juste de ses jeunes actrices Bianca Delbravo et Dilvin Asaad qui font ici leurs premiers pas et parviennent à trouver la maturité suffisante pour coller au mieux à leurs personnages. « Paradise is Burning » c’est un coup à l’estomac, tant il nous montre une réalité à travers une fiction qui n’a d’autres ambitions que de nous montrer un autre visage que celle que l’on garde de la Suède e de sa réussite sociale.