Anna, actrice proche de la cinquantaine, est quittée par son mari, Antoine, metteur en scène de théâtre. Prête a` tout pour ne pas le perdre, elle va jusqu’a` prendre l’apparence de la jeune femme avec laquelle il entretient une liaison. Mais ce double jeu pourrait se retourner contre elle...
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Sébastien Bailly (Une Histoire de France) a décidé de s’inspirer de sa propre histoire, en écrivant un scénario dont il a eu l’idée après une rupture, dans lequel il espérait pouvoir retrouver son amour perdu. Du coup, le réalisateur va tisser une intrigue dans laquelle une femme, actrice de son métier, approchant la cinquantaine, se rend compte que son corps n’est plus aimé, que son mari semble se désintéresser et d’elle, voir même qu’il entretient une relation amoureuse avec une femme plus jeune. A travers un rôle qu’elle souhaite interpréter et qu’elle a travaillé depuis les débuts de sa carrière, l’actrice se sent abandonné et cherche un moyen de retrouver les regards et surtout l’amour et le désir de son mari.
L’occasion pour le réalisateur de plonger dans un drame intimiste où le combat intérieur d’une femme pour retrouver l’amour et le désir va, petit à petit se transformer en un jeu dangereux dont elle va constamment repousser les limites. Pour cela Sébastien Bailly, va utiliser une trame fantastique qui ne va servir qu’a renforcer ce drame intérieur et cette perte soudaine de repère et cette peur viscérale de ne plus être vue. L’actrice doit prendre trois gouttes et trois gouttes seulement, d’un élixir qui va lui permettre de reprendre confiance, mais, qui va, au final, lui donner l’apparence d’une femme plus jeune, qui plus est, celle avec qui son mari entretient une relation adultère.
Avec une mise en scène subtile et douce, le réalisateur va alors filmer ses héros, les laisser se perdre dans un jeu de l’amour, mais pas du hasard, dont l’actrice peut en sortir les ailes brulées. Alors, bien sûr, on peut reprocher au film un rythme lent et un ton trop discret, comme s’il fallait parler doucement pour ne pas réveiller les voisins, mais, au final, la réalisation se révèle cohérente dans son entreprise, avec un combat intime que ce soit dans le corps et l’esprit d’Anna ou dans le couple qu’elle forme avec Antoine. Un couple qui semble se dire les choses mais qui évite subtilement de dire ce qui ne va pas et notamment ces changements de physique d’âge et la monotonie qui s’installe.
Au centre de l’attention, Julie Gayet (Zaï, Zaï, Zaï). L’actrice porte un rôle difficile dans lequel elle se met constamment en danger. Acceptant d’assumer un âge et surtout ses métamorphoses, au risque de s’animer. L’actrice interprète avec beaucoup de justesse et de finesse cette actrice perdue, et qui va se perdre encore plus, que l’âge commence a atteindre le regard des autres, alors qu’elle se sent encore la capacité de jouer des rôles tellement plus complexe que ceux qu’on lui propose. L’occasion pour Julie Gayet de pouvoir mettre en avant, encore une fois, ce traitement que les femmes subissent depuis toujours dans le cinéma et dans le théâtre. Passées un certain âge elles ne deviennent plus que des mères et doivent se battre pour garder le regard des producteurs, et des metteurs en scène pour prouver qu’elles ont encore des choses à dire.
Un entretien intéressant avec Julie Gayet et le réalisateur Sébastien Bailly.
Puis le court métrage « Où je mets ma pudeur », où le réalisateur fait déjà preuve d’un regard intelligent et subtil sur le cas, cette fois-ci, du voile.
Puis une galerie de photos.