L'ile de Black mor

L’histoire

En 1803, sur les côtes de Cornouailles, le Kid, 15 ans, vit ‘en détention’ dans un orphelinat qui ressemble beaucoup à une prison. Son rêve est de s’évader et de parvenir un jour à devenir pirate, comme dans les histoires que lui lisait son ancien professeur, maintenant renvoyé par le tyrannique directeur. Lorsque kid est convoqué dans le bureau de ce directeur pour s’entendre dire que son père lui a envoyé une lettre, le Kid ne l’écoute pas et se précipite par la fenêtre pour échapper à cette prison.

Livré à lui-même, il se lie d’amitié avec des naufrageurs de la côte et ensemble ils parviennent à voler la goélette des gardes-côtes et un vieux livre sur le pirate Black Mor. Comme personne ne sait lire sur le bateau, le kid décide de faire halte à un monastère et kidnappe un jeune moine. Celui-ci va leur lire le livre de Black Mor et les initier au code de la piraterie…

A propos du film

« L’île de Black Mor » est le troisième long métrage animé de Jean-François Laguionie. Ce dernier a appris l’animation avec Paul Grimault (Le Roi et l'oiseau), un ami de Cocteau. Il se lance très tôt dans le court-métrage, avec « La Demoiselle et le Violoncelliste », qui le révèlera au public en 1965. En 1978, il obtiendra la Palme d’Or du court-métrage au Festival de Cannes avec « La Traversee de l'Atlantique a la rame ». Ayant acquis une légitimité, il fonde son propre studio de production : « La Fabrique » à Saint Laurent du Minier dans le Gard. On remarquera le clin d’œil à la « Factory » d’Andy Warhol.

Le réalisateur se lance alors dans le long métrage et réalisera « Gwen le livre de sable » en 1985 et « Le château des singes » en 1999. Jean-François Laguionie a d'abord écrit l'histoire de L'Ile de Black Mor sous la forme d'un roman, fruit de ses rêves d’enfance dans une famille passionnée par la mer. La réalisation du film n’est pas facile, comme l’explique le réalisateur : "Je ne pouvais pas m'empêcher de comparer ce projet à ces bateaux en construction qui n'arrivent pas à prendre le large : scénario refusé par les télévisions françaises, pas de producteur, budget de développement réduit au maximum. En attendant, on continue à y croire : paufiner les dialogues, dessiner des rochers et des bateaux sur les côtes d'Irlande ou de Cornouaille, des visages dans les pubs irlandais... On continue à y croire, les marins connaissent cela."

Avec son équipe de la fabrique, composée de 13 personnes, il parvient tout de même à mettre en place son projet. Mais du fait d’un choix d’animation traditionnelle, sans ordinateurs, la charge de travail était énorme. Le réalisateur du donc se résoudre à laisser réaliser les dessins intermédiaires en Asie, pour réduire les coûts.

Critique subjective

Plein de poésie et d’aventure romantique, ce dessin animé destiné aux enfants séduira toute la famille avec sa patte graphique si particulière. Le scénario est assez classique avec la quête d’un jeune garçon qui se cherche une identité à travers un père qu’il n’a jamais connu. L’ensemble est toutefois mené avec brio et réserve des rebondissements intéressants. Jean-François Laguionie parvient à rendre ses personnages humains et crédibles, en ne faisant pas l’impasse sur leur psychologie. Voilà, une fois de plus, la preuve que le dessin animé ‘à la française’ mérite autant d’intérêt que les productions nipponnes et américaines. Un DVD à ne pas manquer si vos enfants (garçons et filles) aiment les belles aventures !

Avec sa réalisation à l’ancienne et sans ordinateur, l’image de ce dessin animé détone par rapport aux productions actuelles. Les dessins semblent réalisés à l’aquarelle, avec des lignes très pures et de belles couleurs. Les animations sont de bonne qualité et le jeu avec la lumière est très bien géré. On sent le travail minutieux d’une équipe méticuleuse et travaillant à l’ancienne : c’est dans les vieilles marmites que l’on fait la meilleure confiture. La compression est invisible à l’image. Les couleurs sont très bien dosées, avec une progression des teintes du sombre au clair en fonction de l’évolution scénaristique de l’histoire : du grand art !

L’éditeur nous propose une seule piste sonore en Dolby Digital 2.0 française. Ce film français bénéficie de voix très agréables et qui correspondent parfaitement aux personnages. La dynamique d’ensemble est bonne est bien équilibrée. La musique est toujours douce et accompagne bien le propos. De bons effets sonores, bien spatialisés, mettent parfaitement dans l’ambiance. On regrettera juste que le réalisateur ne soit pas allé un peu plus loin en nous offrant une ambiance surround.

Pour ce DVD, L’éditeur TF1 vidéo nous propose un chapitrage détaillé et le classique lien Internet vers le site de l’éditeur. Les menus sont joliment animés et sonorisés. Quelques suppléments nous sont également proposés :

Bande annonce

La classique bande annonce du film.

Quiz

Composé d’une dizaine de questions, ce quiz porte sur le monde des pirates ; En cas de victoire, une succession d’images du film vous emmène vers celle de la salle du trésor.

 

Documentaire – 52 minutes

Il s’agit d’un film entretien sur Jean-François Laguionie, cinéaste et réalisateur de L’île de Black Mor. Celui-ci y revient sur la conception et la réalisation de son œuvre ainsi que sur ses films précédents. Entrecoupé d’images du film, ce documentaire cerne bien l’atmosphère très particulière de ce dessin animé réalisé ‘à l’ancienne’, sans l’aide de l’ordinateur. Jean-François Laguionie nous parle également de son prochain film qui aura pour sujet la peinture. Poétique et riche en informations, il ne faut surtout pas manquer ce reportage sur l’un des réalisateurs les plus discret du cinéma d'animation française.