Ernesto Che Guevara, Le journal de Bolivie

Prenant pour point de départ la mort de « Che » Guevara et pour fil conducteur les notes de son Journal de Bolivie, ce documentaire revient 27 ans après sur les lieux de ce qui fut le dernier combat du comandante. En 1966, le « Che » vient de quitter mystérieusement Cuba. Il a en fait pris la direction de La Paz afin d’essaimer la révolution à l’échelle de l’Amérique du Sud depuis la Bolivie. Grandeur du projet, faiblesse de moyens. Suivront onze mois marqués par des combats larvés opposant une troupe réduite de guérilleros à l’armée bolivienne appuyée par la CIA, et des insuccès répétés à gagner les paysans à la révolution. Les mots du « Che » et la voix de Jean-Louis Trintignant guident ce parcours dont l’issue verra le comandante mourir et son mythe naître. Les entretiens recueillis au fil du parcours et le parti pris de la réalisation replacent cette figure sur le terrain de la mémoire vivante.

 

Ce film fait revivre la mémoire et la légende du « Che » à travers son action lors des derniers mois de son existence en Bolivie, épisode assez méconnu de la vie du leader Argentin. Les différents aspects abordés dans ce documentaire sont autant de témoignages précieux et absolument inédits sur l’idéal révolutionnaire des guérilleros, la méfiance, voire les trahisons, d’un peuple moteur espéré d’une hypothétique révolution avortée, sur le rôle prépondérant des Etats-Unis au sein de leur « Chasse gardée » que représente l’Amérique Latine depuis la doctrine Monroe.

 

Au départ, ils sont cinquante hommes et femmes, à la fin encore dix-sept, qui ont lutté contre une armée Bolivienne puissante, financée et aidée par les Américains, en défendant les armes à la main leur idéal de justice sociale.On y retrouve une partie de la vie d’un homme exceptionnel, devenu au fil du temps une icône révolutionnaire (aussi marketing), qui va lutter à mort pour ses idéaux. Espérant déclencher un mouvement révolutionnaire massif chez les paysans exploités, espoir qui ne verra jamais jour.

 

La mise en scène, à l’opposé d’un Michael Moore est minimaliste, souvent des plans fixes, ou des plans de photos, mais d’une part le sujet s’y prête et d’autre part ces faits se déroulants en 1967 dans un pays très « rural », il y a forcément très peu de documents vidéos se rapportant à ces faits.Le film est mené par la voix de Jean-Louis Trintignant, en caméra subjective suis le parcours du Che, durant les derniers mois de sa vie, en interviewant quelques paysans qui ont croisé sa route, le redoutant à cause de la désinformation diffusée par les médias qui le décrivait en Bolivie à ce moment la comme un criminel.

 

Ce documentaire se termine sur l’interview poignante d’une institutrice, rencontrée par hasard par Richard Dindo, qui raconte les derniers instants de sa vie. C’est la dernière personne à avoir pu discuter avec le Che quelques heures avant sa mort.

 

Richard Dindo se définit lui-même comme un cinéaste intéressé par « la politisation de la mémoire », il présente un documentaire qui s’appuie sur le carnet de voyage personnel du Che, longtemps gardé secret par l’état Bolivien, sur lequel il rapporte la plupart des événements qui ont parsemé sa quête, ainsi que ses états d’âme. Ce documentaire est passionnant, il décrit un parcours surprenant et hors du commun.

L'image, constituée d’archives de 1967, de plans de photos ou de plans filmés par Richard Dindo en 1995 est de qualité variable. Les documents anciens accusent leur age, et sont de faible définition. Mais ils ont le mérite d’exister.

Rien à redire sur la partie sonore, simple stéréo, les commentaires sont parfaitement clairs et intelligibles.

La partie bonus est un peu légère, alors que le thème traité aurait pu largement élargir le champ, mais on trouve tout de même une interview de dix minutes de Richard Dindo, qui revient sur la réalisation de son film. Ses attentes au moment de se lancer dans la réalisation de ce documentaire. Il parle des rencontres qu’il a faites en suivant les traces du Che, notamment celle de l’institutrice. Et donne son avis sur les rapports du Che avec Fidel Castro, en soulignant que son film n’avait jamais été diffusé à Cuba.