La repentie

L'histoire

 

Une femme (Isabelle Adjani), discrètement suivie par un homme (Sami Naceri), dans une gare parisienne se rend à un guichet et demande un billet pour un train en partance vers la mer.

Arrivée à Nice, visiblement attirée par le luxe, elle cherche désespérément un emploi dans les boutiques chic. Sans argent, à la dérive, elle erre dans les halls et les bars des grands hôtels, traînant derrière elle une valise qui semble contenir les vestiges de sa vie passée.

Un riche avocat (Samy Frey) la remarque et lui propose un emploi de dame de compagnie. Cette femme aux multiples personnalités, dans une phase de transition, qui fuit un passé mystérieux va alors progressivement dévoiler sa vie, sa quête, ses désirs, ses trahisons, épaulée par un homme qui tente de combler une absence, et avec en contrepoint, un passé qui tente de la rattraper en la personne de Samy Naceri.

 

Critique subjective

 

Laetitia Masson, délaissant sa collaboration avec Sandrine Kiberlain, réalise un film avec Isabelle Adjani, qui n'avait pas fait d'apparition cinématographique depuis "diabolique" en 1996 et qui retrouve pour cette occasion Samy Frey, son partenaire de Mortelle randonnée en 1983.

La repentie est un film très lent, très peu dialogué, où beaucoup de choses sont transmises par le biais des regards, des attitudes, dans une atmosphère romanesque et onirique, servie par une lumière somptueuse.

Isabelle Adjani est tour à tour Charlotte, Louise puis Leila, qui sont autant de facettes de ce personnage extrêmement complexe, constamment décalé dans ses gestes, ses attitudes, ses réactions. Charlotte, dans une dérive des sentiments, se retrouve au hasard de son parcours dans un monde qui n'est pas le sien, se cherchant dans un milieu riche et décadent, ou dans un petit village reculé du Maroc à la recherche de son passé.

Samy Frey est Paul, lui aussi décalé, poursuivant également une quête, tour à tour cruel et attentif.

Paul et Charlotte se cherchent en un chassé-croisé, alternant rêve et réalité, dans un jeu cruel de séduction tout en retenue.

La bande son joue un rôle important dans ce film où le récit est parsemé de pauses narratives lorsque par une danse effrénée sur la promenade des anglais, une chanson écoutée au walkman ou dans un juke-box, les personnages semblent se mettre à nu, révéler leurs sentiments profonds au travers de la musique souvent explicite, devenant intemporels. Citons par exemple "ne me quitte pas" de Jacques Brel, interprété par Natacha Atlas ou encore "It was a good year" de Franck Sinatra et qui retentit dans le désert marocain.

 

La repentie est un film à part. Si on peut se sentir envoûté par des moments poétiques, des scènes déchirantes, on peut également se lasser de ce film à la mise en scène qui semble insuffisante, aux personnages trop décalés. Le spectateur risque de décrocher face à trop de longueurs, dans un film où l'on ne peut s'empêcher de penser que tout gravite autour d'Isabelle Adjani, omniprésente à l'écran, filmée sous toutes les coutures, rendant fades les interprétations des autres acteurs, comme un Samy Frey trop en retrait ou un Samy Nacery au rôle quasiment anecdotique.

…Pour les admirateurs d'une des plus grandes actrices du cinéma français.

L'image est superbe, sans défaut apparent, tant dans les scènes de jour que dans l'obscurité. Les éclairages sont très soignés. Ce DVD offre un très bon rendu des couleurs, des rouges criards des décors kitch des chambres d'hôtels, aux paysages désertiques du Maroc, en passant par les promenades nocturnes le long de la mer.

La piste son disponible est ici en Dolby Digital 2.0, mais ne démérite pas. Un ensemble Home Cinéma est tout à fait capable de recentrer les voix et d'élargir l'atmosphère sonore. Un format stéréo convient parfaitement à l'atmosphère de ce film.

Le commentaire audio (125')

 

Laetitia Masson, en compagnie de Michèle Halberstadt, productrice du film, nous livre ses impressions durant les deux heures de projection. Le commentaire est intéressant, la réalisatrice nous livre bon nombre d'anecdotes du tournage, explique ses choix concernant les acteurs. On apprend entre autre que beaucoup d'intervenants ne sont autres que des réceptionnistes d'hôtels, femmes de chambre, recrutés sur place, pour jouer leur propre rôle. La réalisatrice d' "en avoir ou pas" décrypte également certaines scènes du film, nous apportant son propre regard.

Inévitables étaient les commentaires sur Isabelle Adjani. Les deux commentatrices sont en admiration devant l'actrice qui devient le point central de la conversation. Isabelle Adjani est très professionnelle, Isabelle Adjani est très disponible, Isabelle Adjani s'est beaucoup investie dans ce rôle, Isabelle Adjani est une fabuleuse actrice (mais ça, on savait), Isabelle Adjani a eu plein d'idées qui contribuèrent au scénario etc.

 

Entretien avec Michèle Halberstadt (20')

 

Laetitia Masson revient au cours de cet entretien sur sa rencontre avec Adjani (encore!) et sur la sortie en salles de "la repentie" et le mauvais accueil de la critique de l'époque. Elle nous donne son analyse des faits, et constate que les critiques n'ont pas compris son film, l'ont-ils seulement regardé, dit-elle, aveuglés qu'ils étaient par l'événement: "le grand retour d'Adjani".

 

Note:La jaquette du DVD mentionne, pour la partie bonus, une section Filmographie, apparemment absente du DVD lui-même.