L'histoire :
Imaginez la fusion entre un documentaire de National Geographic et l’univers de Tex Avery… C’est avec ce décalage inhabituel que Minuscule vous plonge dans l’herbe des campagnes pour observer la vie quotidienne des insectes sur le ton du documentaire animalier dans lequel les insectes sont présentés dans des situations burlesques et parfois pittoresques. Un bijou d’animation drôle et poétique mêlant personnages en 3D et décors réels.
Les épisodes :
La coccinelle - Catapulte - Bouse de là - Deux chenilles - Fourmis - Prisonnière - Rêve d’escargot - Love story - Grasse matinée - Guêpe - La nouille - Le pont de la rivière Bzz - ZZZeplin - La bonne éducation - Rêve de chenille - Chewing-gum - Un monde de brutes - Coup de vent - Silence - La fourmilière infernale
Critique artistique :
Minuscule est une série télévisée animée qui présente la particularité de fonctionner sur le mode du docu-cartoon animalier burlesque. Afin de réussir ce pari, le réalisateur Thomas Szabo et les équipes de Futurikon et de Mac Guff Ligne ont fait tourner des images en prise de vue réelle dans lesquelles ont été ensuite intégrés les personnages d’insectes modélisés en 3D et animés en fonction des besoins de chaque histoire. Cette technique mixte permet de mettre en scène les insectes de façon cartoon tout en gardant l’aspect naturaliste propre au documentaire. On obtient ainsi un résultat étonnamment cohérent et juste. Il faut noter que
Futurikon est spécialisée dans la production et distribution de programmes d'animation, de longs-métrages, de programmes multimédia et de documentaires tandis que Mac Guff Ligne a une très grande expérience dans la réalisation d’effets spéciaux notamment ou dans l’animation. Mac Guff Ligne avait d’ailleurs déjà produit des séquences animées avec des insectes pour la publicité
smirnoff – wingsurfers (2000) réalisée par
Jan kounen chez
Mac Guff Paris. D’autre part des long-métrages d’animation tels que 1001 pattes ou Fourmiz (1998) avaient déjà exploré le monde des insectes dans le cadre de la fiction. On peut aussi trouver que le principe est proche du petit documentaire d’anticipation The Order Electrus (2005) du duo
Microbia où on voit évoluer des insectes électriques en 3D intégrés dans des images de prise de vue réelle.
Dans Minuscule, le point de vue adopté nous place au niveau de celui d’un enfant, entomologiste en herbe qui se pencherait sur le monde des insectes en se représentant avec beaucoup de fantaisie ce petit monde. En dépit d’un fort anthropomorphisme qui aboutit à plaquer sur les comportements des insectes tout un tas de manies et d’intentions assez humaines, Minuscule arrive à intégrer des vérités éthologiques sur le monde des insectes comme on peut le voir par exemple dans l’épisode Grasse matinée où une abeille effectue une danse particulière pour communiquer à la ruche l’endroit où trouver du miel. On retrouve ainsi plusieurs références au modèle de société des fourmis ou à la métamorphose des chenilles en papillon. Cet aspect naturaliste du documentaire est cependant contrebalancé par une mélange de burlesque flirtant très souvent avec le Slapstick (un genre d'humour impliquant une grande part de violence physique) qui implique aussi de développer des gags en 3 temps : exposition, développement et chute. Ce principe est une des caractéristiques du cinéma burlesque américain de 1912 à 1940 et se retrouve également dans les dessins animés de Tex Avery. On retrouve par ailleurs plusieurs archétypes des cartoons avec des personnages qui se poursuivent ou un comique de répétition qui tourne à plein dans l’épisode Bouse de là. Certaines des histoires s’avèrent porteuses d’une morale à la manière des comtes Les fables de l'insecte de Jean de La Fontaine, ce qui ne gâche rien, bien au contraire.
La mise en scène renforce la sensation que ce que l’on voit grâce à l’animation est en fait très différent une fois que l’on prend de la hauteur et regarde les insectes de notre point de vue comme à la fin du premier épisode où on passe d’une vision où les mouches volent en bataillon avec des bruits d’avion de chasse à une la vision commune et banal d’un essaim de mouche. Comme les personnages ne parlent pas et émettent des sons souvent décalés qui vont du bourdonnement ou du gazouillement expressif au rire espiègle de la chipie de coccinelle en passant par les bruits d’avion ou de vaisseaux spatiaux tout droite sorti de Star Wars, l’équipe a pu construire les personnages à la façon des cartoons Warner Bros des années 50, c’est-à-dire essentiellement au niveau du story-board, les synopsis n’étant qu’une base de travail. Cette technique permet de garder une bonne marge de manœuvre pour mettre en place des gags visuels. On obtient donc un résultat assez inattendu et frais que l’on doit pour beaucoup au ricanement moqueur de la coccinelle ou de la sauterelle, aux rots de la chenille ou du ver après avoir ingurgité goulûment une feuille, aux sons de machines prêtés aux insectes volant comme les mouches, les libellules ou la coccinelle.
Verdict :
Minuscule, c’est énorme. Diffusée sur france2, la série Minuscule qui décrit avec humour la vie privée des insectes, nous plonge dans l’herbe des campagnes pour observer la vie quotidienne des insectes avec beaucoup d’humour et surtout un point de vue burlesque particulièrement savoureux. Bien que cette série soit plutôt prévue pour les plus petits, les adultes peuvent aussi se divertir avec des gags qui peuvent s’avérer porteur d’une morale.
Le master est parfait et impeccable comme un costume tout neuf ce qui est conforme quand on passe d’une base d’images digitales à un support DVD où il y a de la place (du DVD9 avec seulement 62mn de film). Comme il s’agit de petits films où sont composités images de prises de vue réelles et images de synthèse, on a un rendu attendu qui est très propre d’autant que le compositing est très bien maîtrisé. On peut affirmer qu’il s’agit d’une réussite tant l’intégration des personnages de synthèse cartoonnesque se fondent parfaitement avec les vues naturelles par ailleurs très colorées. On ne se pose pas un instant de question sur la présence de ces personnages chahuteurs ou espiègles dans le paysage. La définition est bonne, la colorimétrie très bien contrôlée et l’image comme il faut.
Pas de bonus sur cette édition ce qui est dommage avec une telle réalisation pour laquelle la technique utilisée est toujours intéressante à décrire et expliquer.
Bonus :
- espace éditions Montparnasse