L'histoire :
Angleterre, fin du XIXème siècle. Après l'arrestation d'un voleur de tableau, Sherlock Holmes (Michael Caine), le célèbre détective anglais, déclare, un peu hâtivement, l'affaire "résolue". C'en est trop pour le pauvre docteur Watson (Ben Kingsley), véritable génie de l'histoire qui congédie Reginald Kincaid, acteur raté, incarnation du personnage factice. Néanmoins, confronté à l'incrédulité des gens autour de lui, Watson se voit obligé de réengager Kincaid, pour une dernière enquête...
Critique artistique :
Prenez un symbole de la littérature britannique, ajoutez-y un casting très "british", saupoudrez le tout de cet humour anglais typique et d'une bonne dose d'autodérision de la part des acteurs, et vous obtenez une charmante comédie... Réalisé par Thom Eberhardt, dont c'est le troisième film, juste avant qu'il ne commence à travailler sur la série Parker Lewis, il s'est adjoint le concours du directeur de la photographie d'Un Poisson Nommé Wanda, ainsi que celui du compositeur Henri Mancini, à qui l'on doit au moins deux collaborations émérites avec Blake Edwards, La Panthère Rose et Peter Gunn.
Complètement passé inaperçu lors de sa sortie en salle, Elémentaire mon cher... Lock Holmes, est dans la droite lignée du cinéma comique /parodique anglais des années 80 (un poisson nommé Wanda, ...). Reposant sur le duo Caine - Kingsley, tous deux excellents et prenant un plaisir palpable à égratigner la légende, le film se permet un nombre important de clins d'oeil, de James Bond à Shakespeare. Et, force est de le constater, cela reste fidèle à l'univers de Holmes, à sa logique de déduction implacable.
Qui donc, hormis les britanniques, oserait se moquer des britanniques? Cela va d'une présentation du héros british, certes plus que passablement éméché ("My name is Holmes, Sherlock Holmes"), à un certain cynisme auto flagellateur quant à la littérature anglo-saxonne en passant par un hôtel Shakespeare en ruine et un God Save The Queen à la sauce orchestre municipal. Il est à noter par ailleurs que ce film est un parfait exemple de comédie britannique. Contrairement à sa cousine d'outre atlantique, la comédie anglaise se base sur le jeu de mot et la répartie acide (en cela point trop éloignée du divertissement populaire à la française). Et donc ceux qui suivront le film en VF perdront une grande partie de la jouissance qu'il peut apporter. Le réalisateur n'en oublie pas pour autant les ressorts burlesque du genre, jouant avec l'action hors champ, en nous gratifiant par exemple d'un Holmes jouant du violon, jusqu'à ce que la caméra se recule, laissant découvrir le gramophone dont sort réellement la mélopée. Le son justement, dont il faut saluer une initiative bien trop rare: le film, dans sa VF, est présenté en Audiovision, permettant aux non et mal voyants l'accès à ce divertissement. Quand on voit la petitesse de la liste des dvd offrant cette possibilité aujourd'hui, on ne peut que se réjouir de cette volonté.
Pour ce qui est de l' "enrobage", je dois avouer que je suis un tant soit peu déçu. S'il est clair que les moyens de productions n'étaient pas ceux d'un blockbuster, la photographie du film accuse son âge, reléguant sa qualité à celle d'un téléfilm. Idem pour le son, une VO en stéréo, alors que la VF est en 5.1? Mais tout cela n'arrive néanmoins pas à gâcher le plaisir durant la vision de ce qui est une des plus plaisantes comédies qu'il m’a été donné de voir.
Verdict:
Une agréable comédie, coincée entre satyre et hommage, qui démonte et respecte tout à la fois le personnage de Holmes. Le plaisir de Ben Kingsley et Michael Caine à égratigner ainsi l'image du gentleman britannique est communicatif, tant et si bien qu'il nous fait oublier la qualité médiocre de l'image et du son.
Henri Mancini livre ici un travail honnête, agréable, sans plus. Etonnant de la part de l'auteur de la Panthère Rose et Peter Gunn. Le son VO est en stéréo, un peu sourd par endroit (ce qui date le film énormément), en même temps il est inutile de varier le niveau sonore en cours de vision, ce qui n'est pas désagréable pour une fois. Pour la VF c'est là l'étonnant, on a droit à trois pistes: une en audiovision pour les mal voyants (au risque de me répéter, je salue l'effort, c'est réellement une initiative intelligente), une en DTS 5.1, et une en Dolby Digital. Et là force est de constater que le doublage est de meilleure qualité sonore que le son VO.