À 80 ans, Joan Stanley mène une vie tranquille lorsqu’elle est brutalement arrêtée par la police à son domicile et accusée de trahison et espionnage. Forcée à révéler son passé, Joan se souvient de ses jeunes années pendant lesquelles elle étudie la physique à Cambridge. C’est là qu’elle tombe amoureuse de Leo, un jeune homme d’origine russe, étroitement lié au parti communiste.
Inspiré d’une histoire vraie, « Red Joan » de Trevor Nunn, réalisateur de « La Nuit des Rois » sorti en 1997, est un long métrage qui vient le ver le voile sur l’une des batailles les plus sombres de notre histoire d’après-guerre : celle de la guerre froide et notamment de la course à l’arme nucléaire. Inspiré, donc, de l’histoire de Melita Norwood qui vendit des documents secrets du programme nucléaire anglais aux Soviétiques. Pendant des années, cette jeune femme fit passer toutes ces dossiers secrets défenses, sans éveiller le moindre soupçon et fut, finalement arrêtée dans les années 90, à l’âge de 80 ans. Une histoire, bien évidemment hors du commun, qui se devait d’intéresser le cinéma ou la télévision.
Mais voilà, parfois les choix scénaristiques ne sont pas forcément très lisibles et ne vont pas forcément dans le sens de l’histoire. Surtout lorsque la scénariste
Lindsay Shapero (The Head Hunter (Inédit en France)) décide de développer une histoire d’amour contrariée. Et a trop vouloir romancer le propos, la trame finit par se perdre dans les méandres d’une intrigue guimauve qui finit par alourdir le propose, qui tente assez vainement de faire comprendre au spectateur, les raisons pour lesquelles, la jeune femme issue de Cambridge a finit par se laisser convaincre de faire passer des documents ultra-sensibles. D’autant que l’opinion, au sein des spécialistes de cette histoire, est divisée sur les motivations mais également sur les résultats de cet espionnage massif. Certains diront que Melita Norwood, se laissait porter pour sa sympathie envers le régime soviétique et que cela n’avait d’objectif que de permettre à l’Union Soviétique d’obtenir l’arme nucléaire et d’ainsi exercer une pression sur les Etats-Unis, d’autres diront que la jeune femme à sauver le monde en mettant les deux grandes puissances sur un pied d’égalité.
Et ce n’est pas la mise en scène de Trevor Nunn qui va arranger les choses, tant elle apparaît académique et manque par trop de fois de dynamisme, rendant l’œuvre romantique à l’excès et se passe ainsi d’une tension permanente qui aurait pu donner au film une dimension bien plus intéressante que cette bluette un peu fade. Et si la reconstitution est intéressante, particulièrement lors des différents flash-backs qui passent des années 40-50 aux années 90 avec beaucoup de précision et de méticulosité.
Côté distribution, Judi Dench (Indian Palace), malgré un maquillage qui l’a beaucoup vieilli et, sans être outrancier, enlaidie, reste une actrice au charisme hors norme à la présence minérale évidente. Et même si le film n’est pas une réussite en soi, la composition de la comédienne est tout simplement remarquable de sobriété et de sensibilité, qui la rende si unique. Pour interpréter Joan Stanley, jeune,
Sophie Cookson (Kingsman : Le Cercle d’Or) redouble d’effort pour imposer son personnage, mais encore une fois, le côté guimauve, l’empêche de donner toutes les nuances nécessaires, pour rendre crédible et paradoxale les intentions de la jeune femme.
En conclusion, « Red Joan » est un film qui tente assez maladroitement d’explorer les dessous d’un espionnage hors norme dans les années 40-50. Seulement d’un point de départ réjouissant, le réalisateur et sa scénariste ont voulu en faire un film plus romantique que tendu. Du coup, la guimauve prend la place de l’épice et laisse le spectateur sur le carreau. Et même si Judi Dench est toujours aussi grandiose, le film est d’ennuie redoutable.