Après s’être séparée pour passer la ligne de démarcation, la famille de Simon (sa femme Léa, sa belle-sœur Mauricette, enceinte de plusieurs mois, la mère des deux jeunes femmes, Madame Schwartz qui ne parle que Yddish et enfin Henri le neveu de onze ans) se retrouve en pleine campagne, accueillie par Maury, un paysan cru qui les héberges dans l’une de ses dépendances.
Grand acteur français un peu trop souvent oublié, Christophe Malavoy (La femme de ma vie, Souvenirs, souvenirs) revient cette fois-ci en tant que réalisateur avec une première œuvre cinématographique, dont le sujet n’est pas forcément les plus aisé à traiter : La rencontre entre deux mondes pendant la seconde guerre mondiale. Une rencontre entre un français ancré dans ses traditions et une famille juive fuyant la persécution allemande mais autant ancrée dans ses propres traditions. Deux mondes qui ont vécu de nombreuses années côte à côte sans jamais se connaître, ou tout du moins en ignorant de se fréquenter. Pourtant, cette deuxième guerre mondiale fit naître, ce que tout le monde semble avoir oublié maintenant, la Solidarité. Des gens inconnus qui aident d’autres inconnus par leur refus de l’oppression aveugle. Cette histoire met en lumière ces valeurs qui firent l’honneur des hommes dans ce conflit mondial qui nous fit découvrir le vrai visage du mal.
En ce sens le sujet traite à merveille de cette période, en offrant un panel de personnages incroyablement attachants. Le mérite en revenant aux acteurs, Jean-Paul Roussillon (Week-end à Zuydcoote, Hors la loi), par exemple, qui promène son personnage de vieil homme bourru, mais aussi tendre que la mie du pain qu’il partage avec les inconnus. Emu par le désarroi de cette famille, obligée de se cacher pour survivre. Un homme comme le furent de nombreux autres pendant ce conflit que l’histoire semble répéter en d’autres lieux. Ou encore Tsilla Shelton (Tatie Danielle, La guerre des Boutons) toujours aussi irrésistible en grand-mère juive ne parlant pas le français. La comédienne tient sur le fil de la tragi-comédie comme personne d’autres et l’on aime profondément cette vieille femme perdue dans une histoire qu’elle ne parvient plus à comprendre.
Pourtant la mise en scène souffre de grandes faiblesses. Christophe Malavoy ne semble malheureusement pas savoir ce qu’il doit filmer et quel discours il doit tenir. Cela s’en ressent forcément dans le rythme du film, qui ne parvient jamais à vraiment passionner. La dynamique étant au point mort, on hésite trop souvent entre faiblesse cinématographique et esbroufe télévisuelle. En effet le réalisateur ne parvient jamais a se décider sur la route qu’il va suivre, s’il doit appuyer sur l’aspect historique, en faisant un film sur le génocide à proprement parler et l’enfer qu'il véhicula ou alors sur l’aspect humain en privilégiant les relations entre le vieil homme et ses protégées. Toujours dans l’approximatif, Christophe Malavoy ne parvient jamais à totalement nous convaincre ou nous émouvoir, il manque systématiquement quelque chose à son récit.
En conclusion, « Zone libre », est un film agréable à regarder, mais jamais totalement convaincant. Une déception, car on attendait peut-être un peu plus de maîtrise, tant dans l’histoire que dans la dynamique du film.