Mehdi et Hamid travaillent pour une agence de recouvrement à Casablanca. Les deux pieds nickelés arpentent des villages lointains du grand sud marocain pour soutirer de l'argent à des familles surendettées...
Le réalisateur de « Volubilis » (2017), Faouzi Bensaïdi revient avec « Déserts » une comédie dramatique qi suit le parcours de deux agents de recouvrement, maladroit et un peu paumés qui tentent de récupérer de l’argent de familles surendettées. C’est aussi l’occasion, pour le réalisateur, qui a également signé le scénario, livre avec ce film une histoire qui peut paraître légère mais se révèle rapidement beaucoup plus complexe et sombre qu’il n’y parait. D’abord parce qu’elle met en lumière l’extrême pauvreté qui habite les villages éloignés du Sud Marocain. Avec un ton, jamais pathos, il a nous entrainer dans ce road movie d’un autre genre, où les deux compères ont bien du mal à mener à bien leurs missions et se heurte à la misère et ce qu’elle engendre, la honte et le mensonge pour ne pas avouer l’échec.
Filmé en Scope, et beaucoup en plan séquence, le cinéma de Bensaïdi est surtout d’une précision rare et offre un spectacle à la fois grandiose et oppressant pour les personnages qui souvent se retrouvent noyés dans ces paysages désertiques, dont on pourrait presque ressentir la poussière et le sable. Plus méticuleux qu’il n’y parait, chaque plan est travaillé et participe activement à la vision du réalisateur qui veut à travers ses personnages nous faire découvrir ces villages et ses familles dont on ne parle jamais et qui pourtant, existent, survivent et souffrent d’une misère qui les étranglent chaque jour un plus sans pour autant se départir d’un furieuse envie de vivre.
Pour incarner ses deux compères, le réalisateur a choisi Fehd Benchemsi, un acteur à la carrière internationale bien remplie puisque nous l’avons vu aux côté de Kad Merad dans « Citoyen d’Honneur » (2022) de Mohamed Hamidi ou encore dans « American Sniper » (2015) de Clint Eastwood (Excusez du peu, et même si ce film n’est pas le meilleur d’Eastwood, ça en gête sur un CV), nous l’avons vu également dans des séries telles que « Homeland » de Gideon Raff, Alex Gansa et Howard Gordon ou encore « The Looming Tower » de Dan Futterman, Alex Gibney et Lawrence Wright. Face à lui, Abdelhabi Talbi que l’on avait également découvert dans « Volubilis » du même réalisateur. Les deux acteurs fonctionnent comme des duos de légendes du muet, on peut y voir du Laurel et Hardy dans leurs rapports avec des oppositions amicales et des douleurs masquées sous les silences.
En conclusion « Déserts » est un film touchant, déroutant et en même temps terriblement attachant et dépaysant. Le réalisateur nous permet de découvrir un Maroc en dehors des cartes postales et des grandes villes pour nous entrainer dans le désert, dans ces villages au Sud du Maroc où règne une certaine misère. Mais le pluriel du titre révèle aussi les déserts intimes de ses protagonistes dont la vie semble s’assécher comme les plus fragiles oasis du Sahara. Avec une mise en scène qui utilise beaucoup de plan séquence au cœur d’un scope magnifique, le réalisateur s’amuse avec des séquences burlesques à l’instar de la réunion des commerciaux face à une cheffe particulièrement bonne actrice (Ou pas !). Un film à découvrir.