Une petite maison de vacances au bord de la mer Baltique. Les journées sont chaudes et il n'a pas plu depuis des semaines. Quatre jeunes gens se réunissent, des amis anciens et nouveaux. Les forêts desséchées qui les entourent commencent à s'enflammer, tout comme leurs émotions. Le bonheur, la luxure et l'amour, mais aussi les jalousies, les rancœurs et les tensions. Pendant ce temps, les forêts brûlent. Et très vite, les flammes sont là.
Pour son réalisateur Christian Petzold (Phoenix), « Le Ciel Rouge » est un film d’été. Un genre qui varie suivant le pays où il est réalisé. Aux Etats-Unis, par exemple, il est souvent associé aux films d’horreur, avec une maison dans un lieu reculé, en France, nous sommes plutôt dans la comédie sentimentale, avec les rencontres et les amours éphémères, par lesquelles naissent de grades histoires. C’est aussi un style, en France, que l’on retrouva, pour ce qu’il y avait de meilleur dans le cinéma de Rohmer. Le cinéaste s’est inspiré du maitre pour donner un rythme particulier à son film, notamment les coupe et les éléments qui vont vite pet qui en même temps donnent une notion du temps sans pourtant alourdir le propos.
Et dans son scénario, Christian Petzold va mettre beaucoup de choses, beaucoup de ses inspirations, mais également de ses réflexions. Ici, nous suivons les pas de Léon, un écrivain, sombre, quelque peu égocentrique et arrogant, qui, avec son meilleur ami, partent dans la maison de la mère de ce dernier, afin que le premier puisse écrire son prochain manuscrit. Mais voilà, rien ne va se passer comme ils le souhaitaient. D’abord, il y a Nadja, une jeune femme qui habite dans la maison, qui était censée être vide et qui va perturber son besoin de quiétude pour écrire. Et puis viendra ensuite Devid, un maitre-nageur, dont Félix, le meilleur ami de Léon, va tomber amoureux. Et surtout, il y a ce feu qui se rapproche. Conservant un certain rythme volontairement dilettante, pour mieux illustrer, cette période d’été qui rythme avec farniente et déconnexion, le réalisateur fait naitre toutes sortes de sentiments contradictoires et en même temps tellement complémentaires, qu’ils vont faire naitre des liens forts et complexes.
Et dans sa mise en scène, qui manque parfois de rythme, le réalisateur n’en n’oublie pas de mettre en valeur cet environnement isolé, qui suspend presque le temps aux mots et aux maux des uns et des des autres. Ou plus particulièrement aux maux de Léon, qui semble avoir bien du mal à accepter la luminosité qui émane de ses cohabitants, Parfois le réalisateur peine pourtant à garder une ligne régulière dans sa narration et nous perd un peu dans ses intentions. Il se rattrape notamment vers la fin du film en s’intéressant aux sentiments, avec une très belle conclusion qui rend hommage à Shakespeare mais surtout à Victor Hugo, et cette conclusion réussie vient emporter toutes les imperfections du film.
Un dernier mot pour conclure sur la distribution et particulièrement le trio que forment Thomas Schubert (King Of Stonks) qui brille par son interprétation nuancée, même si parfois un peu trop monolithique, de cet écrivain en recherche d’inspiration, qui se laisse bouleverser par ses sentiments. Langston Uibel (Unorthodox) qui apporte cette luminosité dans sa prestation qui vient en total contraste avec la noirceur de son meilleur ami dans le film. Et puis bien sûr, il y a la belle Paula Beer, une actrice que l’on ne présente plus, tant sa carrière est impressionnante. Rien que chez nous, nous l’avons vue dans « Le Chant du Loup » (2019) d’Antonin Baudry, ou dans « Frantz » (2016) de François Ozon. L’actrice apporte une fraicheur et une force, à la fois touchante et vibrante.