La collection « Rue des ravissantes » est une série de 6 courts métrages inspirés de textes inédits de Boris Vian : « De quoi j’me mêle », « L’autostoppeur », « Le Cowboy de Normandie », « La mécanique des Tournesols », « Notre Faust » et « Rue des ravissantes ».
De Boris Vian, nous connaissons les œuvres littéraires, notamment « L’Ecume des Jours », les chansons, comme l’incroyable « Le Déserteur », mais son aventure cinématographique un peu moins, il faut bien le dire. Pourtant, Boris Vian, fut l’auteur de plusieurs scénarii, notamment une série de court métrage dont les textes parurent, chez Christian Bourgeois en 1977et en 1984, puis en Livre de Poche, sous le titre de « La Rue des Ravissantes ». Des réalisateurs et réalisatrices : Julien Paolini (Amare Amaro), Pablo Larcuen (Eléphant), Clémence Madeleine-Perdrillat (Tapie), Elsa Blayau (L’insecte) et Chloé Larouchi (Les Magnétiques), Anne-Laure Daffis (La Vie sans Truc) et Léo Marchand (La vie sans Truc) sous l’impulsion d’un collectif de producteurs : Maxime Delauney (Tempête), Vladimir Feral (Uberlinks), Romain Rousseau (Nous les Leroy) et Stéphane Kaczorowski se sont penchés, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’artiste, sur son œuvre la moins connue et parue entre 1953 et 1958.
Une œuvre florissante de poésie que les réalisateurs ont su mettre en image avec une simplicité renversante, avec une certaine forme de burlesque dans les dialogues mais également dans la mise en scène, comme dans « La rue des Ravissantes » de Anne-Laure Daffis et Léo Marchand, où un vieil homme cherche dans ses lointains souvenirs les traces d’une rue que l’on appelait La rue des ravissantes car on y trouvait les plus belles prostituées de la ville. Accompagné par une équipe de journalistes qui a décidé d’en faire son sujet, mais qui a mesure que l’odyssée perdure commence à douter des souvenirs du vieil homme. Ou alors dans « L’Autostoppeur » de Julien Paolini ou « De quoi j’me mêle », où les personnages principaux sont ambigus et où la détresse humaine est toujours au cœur de l’œuvre de Boris Vian, tout autant que la lutte des classes.
Il y a dans ces courts métrages, une poésie évidente, mais surtout une envie de bousculer les idées reçues et chaque réalisateur ou réalisatrice a à cœur de rendre cette peinture si particulière de l’auteur de « L’Ecume des Jours ». Cela donne des courts-métrages réussit qui nous plonge dans des univers presqu’intemporels, où les personnages se retrouvent dans des situations absurdes, ou dérangeantes, où la mort n’est jamais très loin, mais où les réponses aux doutes, souffrances et souvenirs des uns et des autres sont souvent liés au passage du temps ou à cette inévitable fin qui fait de la nature humaine sa complexité.
« Boris Vian fait son cinéma » est un ensemble de courts métrages, réalisés entre 2019 et 2023, à découvrir pour voir une autre facette de cet artiste majeur de la culture française qui aura marqué par ses œuvres littéraires, par ses chansons ou également par ses prises de positions politiques à contre courante de la bien pensée de l’époque.