L’histoire :
Une jeune étudiante accepte d’effectuer un baby-sitting très particulier en échange d’une rondelette somme d’argent.
Critique subjective :
Né en 1980, Ti West a construit sa cinéphilie en ingurgitant quantité de bandes horrifiques, avec un penchant affirmé pour les productions des années 70 et 80. Devenu réalisateur, il rendra hommage à ce pan de culture cinématographique à travers son troisième long-métrage (dont il assure l’écriture, la réalisation et le montage), The house of the devil, œuvre d’épouvante tournée en 2009 et donnant l’impression d’avoir été mise en boîte trente années plus tôt. Film à petit budget, The house of the devil fera vite grand bruit et pour cause : le résultat est impressionnant.
Du production design (décors, vêtements, accessoires) à la patine de l’image (grain très prononcé, faible saturation), en passant par la bande originale et le formidable générique de début, tout transpire la série B horrifique à l’ancienne. Pas l’ombre d’un anachronisme, pas le moindre faux pas. L’effet est tellement bluffant que l’on a l’impression de découvrir une petite perle oubliée du début des eighties. En adoptant cette démarche résolument old school (le métrage a même bénéficié d’une sortie VHS aux Etats-Unis) alors que la tendance dominante est au lifting des classiques du genre (remakes à gogo), Ti West va prendre le contre-pied de tous les diktats du moment. Ainsi, The house of the devil est d’abord une œuvre qui prend son temps. Pas d’ouverture fracassante, point de mise en place vite expédiée, Ti West laisse son film respirer, multiplie les longues séquences, soigne son ambiance et privilégie une montée en puissance très progressive. Simple (l’intrigue est on ne peut plus linéaire), peu bavard et chiche en hémoglobine, le film se montre posé, presque anti spectaculaire (exception faite du dernier quart d’heure), et se distingue nettement des productions actuelles.
The house of the devil nous offre pas moins de deux révélations. La première est bien entendu Ti West, réalisateur qui fait montre d’un savoir faire visuel assez remarquable (que de chemin parcouru depuis The roost !). Signant une mise en scène au cordeau, il sait toujours trouver l’angle le plus oppressant (on songe parfois à Carpenter et Polanski) et parvient à propager le malaise de l’héroïne au spectateur. La seconde révélation du film est sans conteste Jocelin Donahue. Actrice quasi-débutante d’une fraîcheur rare, elle se montre très convaincante dans le rôle de Samantha, étudiante qui accepte un baby-sitting très particulier contre monnaie sonnante et trébuchante. Seule à l’écran pendant une bonne partie du métrage, elle porte le film sur ses épaules et ne fait jamais pâle figure lorsqu’elle donne la réplique à des comédiens chevronnés (Tom Noonan, Dee Wallace, Mary Woronov).
Verdict :
Affichant un côté presque miraculeux (le film semble sortir d’une faille temporelle) sans jamais (trop) verser dans la nostalgie, The house of the devil renoue avec un cinéma de l’économie (de moyens, d’effets). Simple, frontal et efficace en diable. Une succulente madeleine de Proust que le féru de cinéma horrifique à l’ancienne dégustera avec un intense plaisir, doublé par la troublante sensation de combler une lacune.
Du 5.1 et DTS (VO et VF) au mixage sonore particulier, logiquement axé sur les canaux avant afin que le rendu soit le plus frontal possible. La configuration produit son petit effet, rappelant les bandes sonores des productions horrifiques de jadis. Version originale de rigueur, avec une préférence pour un DTS très tonique.
- Commentaire audio du réalisateur Ti West et de l’actrice Jocelin Donahue : Agréable à suivre, le commentaire fourmille de détails sur le tournage. Le supplément devient encore plus captivant lorsque Ti West explicite ses choix formels.
- Making of (14 minutes) : Images brutes du tournage. Un bonus sans réelle plus value, surtout après l’écoute du commentaire audio.
- Scènes coupées (7 minutes) : Surtout une longue scène de dialogue téléphonique, supprimée à juste titre, les mêmes informations étant distillées de façon beaucoup plus adroite dans le montage définitif.
- Affiches alternatives.
- Galerie photos (2 minutes).