Le périple de trois marines américains, Robert Leckie, Eugene Sledge et John Basilone, sur le vaste théâtre d’opérations de l’océan Pacifique pendant la seconde guerre mondiale. La minisérie suit ces hommes et leurs camarades depuis leur première bataille contre les japonais sur Guadalcanal, en passant par les forêts équatoriales du Cap Gloucester et les fortifications de Peleliu, les sables sanglants d’Iwo Jima et l’horreur d’Okinawa jusqu’à leur retour triomphal mais douloureux après la victoire.
Inspiré des mémoires de Robert Leckie (Helmet for my pillow), d’Eugene B. Sledge (With the Old Breed et China Marine) et Chuck Tatum (Red Blood, Black Sand), « The Pacific » reprend le même concept que sa grande sœur « Band Of Brothers » : la souffrance au quotidien des soldats américains plongés dans le chaos de la deuxième guerre mondiale. Cette fois-ci, nous ne sommes pas au cœur du conflit européens, mais dans le pacifique et la guerre garde toujours la même couleur rouge sur les plages et noire dans les esprits. Toujours aussi dévastateur, le combat se fait au grès du climat qui vient en rajouter sur le moral des troupes.
La réalisation, principalement de Tim Van Patten (Rome saison 1), ne s’interdit rien pour coller au plus prêt de l’horreur du conflit, du désarroi physique et psychologique de ces jeunes soldats que rien n’avait réellement préparé aux images insoutenables d'un conflit où l'ennemi préfère la mort à la défaite. Les deux camps s’opposent avec une fureur et une animosité terrifiante, devenant ainsi une sorte de miroir glacial de l’espèce humaine. Les hommes vivent avec la peur et la rage au ventre. Une peur qui les fragilise chaque fois un peu plus que leur survie est une victoire, lorsque la rage d’avoir vu des frères plus que des amis mourir devant leurs yeux parfois dans d’atroces conditions se fait plus présente. Le poids de la guerre quelque soit l’époque.
Steven Spielberg et Tom Hanks ont, depuis « Il faut sauver le soldat Ryan », une passion indéfectible pour ce conflit, qui vit le monde s’embraser. Une passion qui s’est petit à petit transformée en devoir de mémoire avec tout d’abord « Band of Brothers », qui montrait la force de la solidarité dans ce conflit et l’importance de l’honneur qui portait ces jeunes soldats perdus dans les méandres de l’horreur. Déjà filmé avec brio dans « Band of Brothers », le courage des hommes vient de recevoir un nouvel hommage vibrant de pudeur et de réalisme.
Même si « The Pacific » se distingue de « Band of brothers » par un parti pris évident (Les gentils américains et les méchants japonais), le scénario ne manque pas de courage et d’intelligence, notamment en tentant de montrer toutes les facettes de ce conflit, avec le héros que l’on transforme en VRP pour lever des fonds afin de financer la boucherie, en passant par l’idéaliste qui tente de garder un brin d’humanité au milieu de ces combats, jusqu’à l’égoïste impénitent qui comprend la signification de solidarité. Les scénaristes ne tentent pas de donner une leçon de morale supplémentaire au monde, ils parviennent simplement à matérialiser au-delà des mots la terreur qui habite chaque être quel qu’il soit dans l’enfer des combats. En cela, « The Pacific » est une réussite totale et parvient à atteindre son but.
On ne peut, bien évidemment pas parler ce cette série, sans souligner l’interprétation impeccable et particulièrement inspirée de ses acteurs, James Badge Dale (Les infiltrés) qui interprète un sergent Leckie, individualiste et paradoxal avec beaucoup de talent, Joseph Manzello (The social Network) dont l’interprétation d’Eugène Sledge ne laisse pas indifférent ou encore John Seda (Kevin Hill) en héros de guerre n’assumant pas son statut, qui offre ici une composition plus convaincante que celle de Ryan Philippe dans « Mémoires de nos pères ». Mais les rôles principaux ne doivent,bien sur, pas faire ombrage aux compositions particulièrement convaincantes des autres comédiens de la série.
En conclusion, Steven Spielberg et Tom Hanks signent encore avec « The Pacific » une réussite artistique et donne une nouvelle fois au spectateur l’occasion unique et hors du commun de partager le quotidien des victimes de l’horreur absolue. Une leçon de télé et de maitrise.