1943. Les Alliés sont résolus à briser la mainmise d’Hitler sur l’Europe occupée et envisagent un débarquement en Sicile. Mais ils se retrouvent face à un défi inextricable car il s’agit de protéger les troupes contre un massacre quasi assuré. Deux brillants officiers du renseignement britannique, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, sont chargés de mettre au point la plus improbable – et ingénieuse – propagande de guerre… qui s’appuie sur l’existence du cadavre d’un agent secret !
Il y a des histoires vraies qui paraissent tellement incroyable que l’on a du mal à y croire. C’est pourtant tout le sujet de « La Ruse » de John Madden qui s’intéresse à l’opération « Mincemeat (Chair à Patée) » qui fut l’une des premières grandes opérations de diversion organisée pour lancer une contre-offensive aux forces allemandes massées en Italie. Churchill et ses officiers eurent l’idée de monter un leurre pour faire croire que les alliés allaient débarquer en Grèce et non en Sicile, forçant ainsi les forces d’Hitler à se concentrer sur la Grèce plutôt que sur l’Italie. L’idée fut alors de créer un faux aviateur, portant de faux documents secrets qui donnaient une grande partie des détails de l’opération et dont tout le mécanisme fut contrôlé de manière à ce que els Allemands tombent dans le panneau.
Cette opération longtemps restée secrète, quasiment jusque dans les années 2000, inspira l’écrivain Ben Macintyre qui en fit un roman d’espionnage : « Opération Mincemeat - L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale ». Car c’est effectivement une opération qui changea le cours de la guerre puisqu’il permit au alliés une première incursion majeure dans les lignes ennemis et peut être, sans prétention, considéré comme la répétition du débarquement en Normandie, une année plus tard. Autre grande surprise de cette histoire incroyable, est que l’auteur de cette supercherie militaire ne fut autre que Ian Flemming, qui sera connu par la suite comme étant l’auteur de « James Bond ». Forcément, une telle histoire se devait de trouver sa place sur grand écran, et il est même étonnant que cela ne fut pas fait plus tôt (excepté faite d’une adaptation en 1956 : « L’homme qui n’a jamais existé » de Ronald Neame).
Pour ce qui est du film en lui-même, le réalisateur a choisi de scinder sa mise en scène en deux parties. Une plus souple, presque plus romantique puisque les vies intimes des protagonistes sont forcément impliquées dans les devoirs des militaires et que certains sentiments ou inimitiés sont également des risques auxquels chacun doit pouvoir se tenir à distance. Une première partie qui manque certainement le plus de rythme, notamment par cause de cette envie de laisser parler des sentiments pour donner plus d’humanité à leurs personnages. La seconde vient d’un seul coup tout reprendre et nous donne des moments savoureux qui manquaient à la première partie et particulièrement dans la manipulation des faits et des protagonistes du camp adverses, sans omettre l’inquiétude qui peut en résoudre d’un échec volontaire ou non.
La distribution est évidemment à la hauteur de l’ambition et si Colin Firth (Le Discours du Roi) ne surprend pas par une composition toujours en précision, c’est la présence de Matthew MacFadyen (Succession) qui va donner toute l’humanité et la sensibilité à l’entreprise en jouant justement sur les différents tableaux : Espionnage et romantisme. Mais il ne faut surtout pas oublier l’actrice Kelly McDonald qui a fait bien du chemin depuis « Trainspotting » de Danny Boyle en 1996. Ici, elle joue une forte au courage et à la détermination remarquable qui ne se défait pourtant pas de sa sensibilité mais refuse de se laisser cannibaliser par les hommes omniprésents.