Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.
Faire une comédie sur Bernadette Chirac, voilà le pari osé de Léa Domenach, dont le père était journaliste politique, connaissant bien Jacques Chirac. La réalisatrice trouvait, comme beaucoup, Bernadette Chirac froide et austère, jusqu’à ce qu’elle découvre un reportage d’Anne Barrère : « Bernadette Chirac, Mémoire d’une femme libre » (2016). Là, elle y découvrit une femme libre au ton plutôt drôle. Elle eut alors l’envie de raconter ce destin français hors du commun qui pouvait aussi porter un discours féministe, mais si certain y verront quand même l’ombre d’un patriarcat toujours présent.
Avec sa coscénariste Clémence Dargent (Ovnis), elle s’est alors ingurgitée de nombreux articles, repérages et autres supports concernant le couple Chirac et s’est alors mise à écrire un scénario qui mêle la réalité des faits avec la fiction pour donner une tonalité plus légère à des évènements plus dramatique, sans pour autant jamais sombrer ni dans la caricature ni dans l’outrance. La réalisatrice a choisi de séquencer son histoire en fonction de dates bien précises dans les deux mandats du président Chirac et de montrer comment « Bernadette » est ainsi passée de l’ombre à la lumière, comment elle s’est imposée dans un monde masculin et machiste à souhait. Un choix osé qui parfois débouche sur un sentiment de non achevé, notamment parce que certains évènements sont expédiés un peu rapidement alors que l’on aurait aimé s’y arrêter un peu plus comme lors des deux élections qui sont deux instants marquants de l’histoire politique Française et notamment la manière dont Sarkozy, qui fut le grand traitre avec Balladur du camp Chirac et qui parcourt le film, sans que les néophytes ne sachent réellement ce qu’il s’est passé.
Une chose est sûre toutefois, Léa Domenach qui signe ici son premier long métrage, a soigné sa distribution, à commencer par sa Bernadette, incarné avec drôlerie et un certain plaisir non dissimulé par une Catherine Deneuve (La Tête Haute) toujours impeccable et précise dans sa composition. Face à elle une galerie d’acteurs dont le physique est incroyablement proche de celui qu’ils incarnent, comme Michel Vuillermoz (J’Accuse) en Jacques Chirac ou encore le plus stupéfiant Vincent Primault (La Ch’tite famille) en Xavier Bertrand. Le choix des acteurs est primordial dans cette comédie Biopic, d’autant que beaucoup sont encore en activité. Le jeu des ressemblances devient quasi systématique. Pour en revenir au film plus précisément, le duo Denevue/Vuillermoz fonctionne avec un côté décalé parfois rétro, mais toujours touchant, que la réalisatrice assume totalement, mais c’est surtout le duo que forme l’actrice avec Denis Podalydès (Les Grands Esprits) qui porte le film et lui donne cette légèreté et ce ton de la comédie qui fait de « Bernadette », une comédie, certes imparfaite, mais qui remplit son contrat de nous divertir et de rendre touchante et drôle, un personnage public qui n’avait pas cette réputation dans nos esprits.